Balades à la Nouvelle-Orléans

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On s’est pas mal baladé pendant notre semaine à la Nouvelle-Orléans. On a bien sûr commencé par le Quartier français.

Un guide nous a expliqué que seul le quartier français existait à l’époque de la création de la Nouvelle-Orléans. Les Français n’avaient asséché que cette partie des marais qui d’ailleurs entouraient totalement le vieux carré. Mais il y a plein d’endroits à voir à la Nouvelle-Orléans.

Nous avons poussé notre balade jusqu’au Garden District. Bon là on a clairement quitté la Nouvelle-Orléans populaire pour rentrer dans les beaux quartiers. De vieilles maisons que certains considèrent comme les maisons historiques, typiques du Sud des Etats-Unis les mieux conservées. Majestueuses et entretenues à la perfection, ces grandes demeures aux couleurs pastels sont pourtant souvent vides. De vieux arbres centenaires dont les énormes racines ont clairement gagné leur combat contre le béton et ont transformé les trottoirs en montagnes russes avec le temps. Et un calme qui règne dans le quartier et qui lui donne une ambiance de machine à remonter le temps. On a vraiment aimé se balader dans ce quartier. Et on a même croisé la maison où a été tourné le film « Benjamin Button » avec Brad Pitt.

Autre quartier, autre ambiance, le fameux quartier Tremé. Il a même sa série TV américaine (on la cherche toujours dans les magasins). Tremé est historiquement le quartier des « personnes de couleur libres ». Il est considéré comme le coeur historique de de la culture afro-américaine et créole de la Nouvelle-Orléans. La place Congo revêt une importance toute particulière : c’est l’endroit où les esclaves se réunissaient le dimanche pour danser et renouer les liens avec leur culture africaine. Ils se rassemblaient en cercles selon leur culture d’origine et entonnaient des chants et des danses de leur région d’origine.

Nous nous sommes baladés dans ce quartier avec une guide, une académique spécialisée dans ce quartier et sa culture. Nous avons commencé par le parc Louis Armstrong, où se situait la place Congo. La guide nous a expliqué qu’il avait fallu raser une partie du quartier pour le construire et que son inauguration avait pris des années, des décennies même, de retard. Nous nous sommes ensuite baladés dans le quartier de Tremé. De petites rues, plein de couleurs, qui rappellent les maisonnettes de Haïti. Des maisons appelées shotgun, et d’autres un peu plus cossues. Notre guide (super intéressante) nous explique que le quartier est en train de se « gentrifier », c’est-à-dire que beaucoup de gens aisés viennent s’y établir. Le problème c’est que cela détruit la culture de ce quartier et les habitants d’origine perdent beaucoup dans la bataille. Par exemple, une promotrice a fait fermer un club historique de jazz (l’un des plus vieux du quartier où ont commencé des artistes comme Kermitt Ruffins) parce que le « bruit » dérangeait les nouveaux habitants du quartier.

Cette gentrification, nous avons pu l’observer le lendemain en nous rendant à la messe gospel de Tremé. Petite parenthèse au sujet de cette expérience. L’Eglise est assez grande et est remplie. Quand nous arrivons, une dame nous indique nos places. On observe vite ce grand mélange de gens de toutes origines, des Noirs, des Blancs, des Latinos, etc. Tout le monde est sur son 31. Ce qui frappe, c’est l’aspect « conversation » que cette messe prend. Le prêtre parle et tout le monde marmonne ou chante pour lui répondre. Des tambourins sont distribués dans l’Eglise pour ceux qui veulent ajouter un peu de rythme aux paroles. Les chants sont entonnés par une chorale assez nombreuse qui compte notamment quelques très bons chanteurs. Un sax et un piano sont là pour les accompagner. C’est clair, c’est une autre ambiance que chez nous…

Revenons au quartier de Tremé. En nous baladant, nous passons par le fameux club Candlelight Lounge, connu pour être le QG de Kermitt Ruffins et du Treme Brass Band. La guide nous fait rentrer. Ambiance tamisée, une vingtaine de personnes dont des enfants qui jouent près des instruments du Brass Band. On nous accueille avec chaleur, on nous sert la main en nous expliquant avec fierté à qui nous avons l’honneur, on nous sert à manger (le fameux Jambalaya et le poulet frit). On nous explique qu’il s’agit en fait d’un enterrement. Traditionnellement dans leur culture, les « fêtes » qui accompagnent les enterrements sont souvent divisées en deux parties. Le groupe qui inévitablement se joint à la fête, les « Second Lines » (parce qu’ils se placent en seconde ligne dans la procession, juste après les familles) jouent des airs tristes, de deuil. Puis dans une seconde partie, la fête reprend le dessus et il s’agit alors de se remémorer les bons moments avec le défunt. Nous sortons du Candlelight en disant au revoir à nos hôtes d’un moment.

Durant la suite de notre balade, la guide nous montre un grand X rouge peint sur le mur d’une maison. En fait il a été tracé par l’armée juste après Katrina, qui a touché Tremé. Des chiffres entourent la croix : ce sont les nombres de morts, de chiens et chats retrouvés dans la maison, un code pour savoir si la maison doit être détruite ou pas… On se souvient de l’intervention très, très tardive des autorités et du scandale que cela avait soulevé.

On termine notre visite par l’Eglise où nous nous sommes rendus le lendemain pour la messe gospel. Une croix en métal est posée à côté de l’Eglise. Le prêtre de cette Eglise a fait construire ce mémorial en mémoire des esclaves qui ont souffert ici. Il a même adressé des excuses officielles mais s’est rapidement fait muter ailleurs…

Une chouette visite très intéressante qui nous a donné envie de regarder la série !

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