Archives de l’auteur : Adèle et Jay

Impressions après cette année de folie !

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1 an sur la route…

Après un an à faire le tour du monde, on regarde un peu en arrière et on ne sait pas trop par où commencer.

Comment ne pas commencer par toutes ces découvertes et les endroits magiques que nous avons visité. C’est un peu la matière première de tous les voyages. Du Machu Picchu à Las Vegas en passant par Pékin ou Melbourne. 1 an sur la route, c’est d’abord ça : les dizaines milliers de km parcourus et les centaines d’étapes ! Mais c’est aussi, toutes les rencontres, les bonnes comme les mauvaises évidement, même si on rira des mauvaises et les bonnes nous rempliront d’une douce nostalgie. Ce sont tous ces gens qui nous ont fait découvrir d’autres cultures et façons de penser et c’est ça qui est passionnant et enrichissant quand on voyage ! D’une certaine manière, découvrir qu’à l’autre bout du monde (ou même très près de chez nous) on pense et on fait différemment peut être très perturbant (pourquoi font ils différemment alors que chez nous ça marche bien?) et puis cette confrontation nous pousse à nous remettre en question, nous ouvre les yeux sur de fausses évidences, nous fait réfléchir et au final nous enrichit. Vous avez du le comprendre en lisant nos articles : nous avons adoré ça !

Quand nous repensons à ce que nous venons de vivre, nous pensons souvent d’abord au moment où nous avons pris cette décision folle. Même si c’était l’un de nos rêves, nous avons décidé de partir assez vite. Nous avons vu une opportunité et nous avons littéralement sauté dessus. Nous n’avons pas méticuleusement préparé chaque étape pendant des mois. Nous avons beaucoup improvisé et nous nous sommes laissés porter en modifiant pas mal de fois notre itinéraire pour rajouter une chouette expérience. Voyager comme cela a parfois ajouté du stress ou nous a demandé plus de préparation sur place mais nous avons adoré voyager comme ça. Nous nous sommes sentis libres.

En parlant de liberté, c’est parfois comme si notre voyage s’était fait hors du temps. Nous ne savions jamais quelle était la date exacte et la notion du temps était rythmée par les horaires de train ou de bus. C’est une impression assez étrange que de sortir de notre mode de vie très rythmé par le week-end, la date et le jour de la semaine. D’un côté, c’est super agréable de se laisser aller et de vivre différemment. Et parfois, cela donne un peu le vertige, et nous nous rendons compte à quel point nous sommes habitués à vivre dans un cadre régulier.

Vous avez été nombreux à nous en parler : vivre ce genre d’aventure à deux, c’est souvent quitte ou double pour un couple. Aucun souci de notre côté ! Nous nous sommes amusés comme des petits fous (nos caractères se sont quand même exprimés quelques fois, on vous rassure hihi) !

Et c’est vrai que nous avons croisé des couples fatigués qui s’engueulaient. C’est normal : ces voyages ne sont pas des sinécures et nous emmènent régulièrement dans des situations pas confortables du tout et nous poussent à nous dépasser. Ce qui est certain, c’est que nous avons changé : on ne revient pas pareil d’un tel voyage. C’est un condensé d’expériences et d’épreuves qui fait inévitablement évoluer ! Pour être francs, nous ne réalisons pas encore ce que nous venons de réaliser. Il nous faudra des semaines pour atterrir et des mois pour comprendre ce qui vient de nous arriver ;-) !

Retour en Belgique, par l’Europe !

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Cela faisait quelques mois que nous réfléchissions à la fin de notre itinéraire : comment revenir en Belgique depuis Saint Petersburg ?

Nous n’avons pas vraiment imaginé prendre l’avion depuis Saint Petersburg, même si ça paraît le plus simple. Tout d’abord pour des raisons écologiques : nous trouvions cela dommage de contribuer à un telle pollution de l’air alors que l’Europe possède un excellent réseau de trains et que nous avions le temps. Ensuite, l’atterrissage à Zaventem risquait d’être un peu rude et brutal, après un tel voyage. Aussi, nous avions vraiment envie d’inclure l’Europe dans notre tour. Il y a tellement de choses et de cultures à découvrir au sein même de notre petite Europe !

Nous étions donc d’accord : pas d’avion mais plutôt des trains et une visite de quelques lieux européens. Mais le choix était tellement vaste ! Après avoir analysé plusieurs itinéraires possibles, nous avons opté pour la route des pays des vikings. Un choix qui allait nous mener en Estonie à bord d’un paquebot traversant la Mer Baltique, à la Suède et ses couronnes suédoises, à la petite sirène de Copenhague… Et tout cela en une semaine !

Le jour de l’expiration de notre visa russe, nous voilà à bord d’un bus Eurolines, en route vers les frontières avec l’UE et les terres estoniennes ! Nous avons passé notre journée à regarder des films dans ce bus confortable et rapide. Au milieu du trajet, nous sommes arrivés aux points frontières : d’abord, il nous fallait obtenir le cachet de sortie de Russie et puis entrer en Europe avec nos passeports européens :-). Nous ne nous y attendions pas et pourtant… les Russes nous auraient bien gardé un peu plus longtemps chez eux ! En effet, après un contrôle d’identité rapide et moins corsé que prévu, un grand monsieur de la sécurité est venu nous chercher tous les deux. Le chien chargé de fouiller les véhicules et de repérer les drogues semblait nerveux près de nos sacs à dos. Il les reniflait et les mordillait, laissant sa bave un peu partout sur ces derniers. On nous a alors ordonné de les ouvrir et de sortir toutes nos affaires… Ils nous ont beaucoup questionné : « Do you have any drugs ? » (Avez-vous de la drogue?), « What was on this pocket yesterday ? » (Qui avait-il dans cette poche hier ?)… Ils étaient plusieurs à observer le contenu de nos sacs. Ils regardaient avec curiosité nos coquillages souvenirs, le thé et le poivre ramenés de Chine, nos Dafalgans… Pendant ce temps, le chien ne semblait plus trop intéressé par nos gros sacs mais s’acharnait sur le petit sac de Jay où se trouvait nos affaires précieuses : ordinateur, smartphone et fils de recharge, disque dur… Jay l’a sauvé à temps même si l’on découvrira plus tard la marque des crocs du molosse dans sa boîte à lunettes. Quant à celles d’Adèle, non protégées dans une boîte, elles ont été brisées en mille morceaux ! Les gardes frontières ne semblaient pas du tout enclins à s’excuser ou se montrer sympathiques… Nous pensons qu’ils ont vraiment eu l’impression d’être face à deux dealers ! Il faut dire que les backpackers ne sont pas si répandus dans le pays et que beaucoup de marginaux et SDF portent ce style de sacs… Pour finir, après de longues recherches infructueuses, ils ont fini par nous laisser ranger nos affaires et partir… Ouf ! Nous sommes arrivés tout retournés à la frontière avec l’Europe. Ici, ils ont jeté un coup d’oeil à nos passeports et c’est tout. RAS, ici nous sommes à la maison. Home, sweet home, nous voilà !

A Tallinn, la petite capitale estonienne, quelle drôle d’impression : nous avions des euros en mains à nouveau, les gens nous parlaient facilement en anglais, les passants avaient des têtes de vikings et ne semblaient même pas remarquer que nous étions des étrangers… Un étrange sentiment nous a submergé et ne nous a plus quitté jusqu’en Belgique : c’est bon d’être « à la maison » et de retrouver ses repères ! Agréablement surpris par cette petite ville toute mignonne et ses habitants très sympas, nous profiterons de ces deux journées pour nous promener dans le vieux centre ville mais aussi pour essayer d’en apprendre davantage sur ce petit pays d’Europe. Ce dernier a toujours été disputé entre les grandes puissances européennes et l’empire soviétique jusqu’à son indépendance à la fin du 20ème siècle. A cette période, il restait malgré tout un territoire satellite de la Russie, alors pour renforcer son autonomie, l’Estonie a décidé de rejoindre l’UE, l’Euro et l’OTAN au début des années 2000. On pensait que les habitants auraient des origines slaves, mais en fait, ce sont des vikings aussi, comme on a l’habitude de dire entre nous. Ils seraient principalement finno-ougriens. Comme les Finlandais quoi !

Nous voici bientôt à bord d’un bateau à destination de Stockholm, la capitale suédoise. Nous nous attendions à avoir un bateau modeste pour effectuer la traversée, deux lits dans des cabines de 4 et probablement rien de bon à manger à bord… Et bien non ! Nous étions à bord d’un gigantesque paquebot, style Costa Croisière, équipé d’une discothèque, de bars, de restaurants, de casinos et même d’un sauna ! Et en plus, nous avions une grande cabine privée ! Nous avons passé une soirée mémorable – mais surtout absurde – à regarder des concerts, spectacles de cabaret et à danser dans la boîte de nuit « Aluminium » ! Et tout cela sur les flots de la mer Baltique !

Nous n’avions qu’une journée à Stockholm. Trop peu pour découvrir cette ville, mais assez pour nous donner l’envie de revenir un jour. Ici, nous revoilà dans le même fuseau horaire que vous tous ! Nous avons aimé nous promener dans son centre cerné d’eau et de parcs aux couleurs d’automne, mais il n’a pas arrêté de pleuvoir… Nous avons alors passé la fin de la journée à papoter avec deux Belges et un Allemand rencontrés à l’endroit où nous logions. Nous en avons appris un peu plus sur les Suédois et avons confirmé certaines impressions que nous avions eues en nous promenant dans la ville. La société suédoise se veut être la plus accueillante. Tout le monde est le bienvenu et la liberté personnelle de chacun est garantie. Par contre, rien n’est prévu pour ton intégration, que tu sois un expatrié ou un migrant, tu te retrouves seul et tu dois te débrouiller pour comprendre leur société et leur système. Nos nouveaux amis nous ont également dit que le peuple suédois est un peuple fier et qu’il n’est vraiment pas évident de s’intégrer et de se faire des amis. Notamment sur le sujet de la langue, ils sont très sensibles. Si tu écorches leur langue en essayant de la parler, ils te reprendront tout le temps pour te montrer que tu ne fais pas réellement partie des leurs. Un contexte pas toujours évident, surtout actuellement où des milliers de réfugiés frappent à leur porte plein d’espoirs ! Nous avions été marqué par la présence de parents et de leurs bébés/jeunes enfants dans la rue en pleine journée. Nous n’avons jamais vu autant de poussettes dans la rue, poussées par des mamans mais aussi beaucoup de papas. Nous avons donc posé la question à nos amis et ils nous ont dit que la Suède offre une année entière aux jeunes parents pour s’occuper de leur enfant. A eux de voir comment ils le répartissent entre eux : tout en commun, ce qui fait 6 mois à la maison avec bébé ou moitié/moitié chacun se relayant à la maison durant une année entière… Toutes les combinaisons sont possibles ! Apparemment on peut même « épargner » du temps et le consacrer plus tard dans la vie de l’enfant. Ces derniers ont aussi des horaires de travail moins importants que chez nous. Ce qui explique le nombre de parents accompagnés de bébés dans les rues en pleine journée ! Super intéressant !

Le lendemain matin, notre TGV partait en direction de Copenhague, la capitale danoise. Une ville que nous avions déjà eue l’occasion d’apercevoir en venant pour la conférence sur le climat il y a quelques années. Nous avons été rendre visite à la petite sirène, la pauvre, entourée de ses usines sinistres. Nous nous sommes aussi beaucoup baladé dans les rues du centre et le long des canaux. Nous avons aussi découvert le quartier de Christiana, un quartier créé à l’origine par des hippies sur une ancienne base militaire et qui a pris une telle ampleur que ce quartier alternatif et un peu « hors-la-loi » existe toujours. A l’entrée du quartier, on passe un portail qui annonce que l’on sort de l’UE (une petite blague mais qui finalement se confirme un peu à l’intérieur). Ici, on vent de la marijuana pignon sur rue, on croise des bobos, alters, anarchistes dans un ensemble de bâtiments décrépis et lugubres et en même temps, plein de couleurs avec ses graffitis, ses endroits verts où s’alignent des oeuvres d’art loufoques… Christiana vit autour de son projet : chacun est libre de faire ce qu’il veut et d’être qui il veut, dans le respect. Christiana a également une vision du vivre-ensemble et de la protection de l’environnement assez intéressant. Cet endroit relance bien sûr plein de débats comme celui de la légalisation du cannabis. Nous y sommes allés en journée et en soirée, la population y est en fait très mixte et l’on ne s’est pas du tout sentis « observés » ou en insécurité (ce n’est bien sûr que notre expérience). Pour le moment, rien ne semble menacer ce quartier hors du commun puisqu’il attire de nombreux visiteurs et ajoute à la personnalité de la ville. La police vient y faire quelques petits tours de temps en temps mais elle n’a aucun pouvoir d’action, elle vient juste rappeler qu’elle n’oublie pas qu’ici, on enfreint certaines lois danoises… Une intéressante visite ! Mais le must à Copenhague a été de revoir Nazaré, la copine du frère d’Adèle, que nous n’avions plus vue depuis l’Indonésie. Nazaré est en Erasmus là-bas et a été notre guide pendant ces deux soirées inoubliables que nous avons passées ensemble : dégustation d’un burger dans un resto-tram, super soirée dans le quartier Christiana, découverte d’un festival de street food où nous avons bien ri assis à même le sol au vu du succès de l’événement… Merci pour tout, Naznaz’ !

Copenhague s’est vite retrouvé derrière nous : notre avant-dernier train nous emmenant à présent en Allemagne, dans la ville de Cologne, toute dernière étape de notre trip. De manière surprenante, le ticket de train allemand a été le plus compliqué à obtenir pour de multiples raisons (notamment des histoires de passeports non valides…) et l’on a encore eu des aventures à l’embarquement dans le TGV. Ce qui peut paraître absurde dans notre pays voisin… Heureusement nous avons rencontré un gentil monsieur de Hamburg qui nous a aidé durant tout le voyage… Comme quoi, même à quelques centaines de kilomètres de la maison, on découvre d’autres cultures et habitudes !

Une dernière journée à Cologne… Si près de la Belgique… Avant de rentrer à la maison ! Avant de vous retrouver après cette année incroyable que l’on a hâte de partager avec vous ! Vous nous avez manquez !

Merci d’avoir été nos lecteurs durant tout notre parcours… On vous dit : à bien vite !

En route vers de nouvelles aventures ! Youpie !

 

Impressions russes…

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Que l’on soit au lac Baïkal ou à Moscou, les Russes que l’on croise dans la rue ont tous un visage très fermé et un regard assez dur. On les trouve très froids au premier abord. Pourtant, après un mois passé là, nous constatons que, passé le premier contact, le premier regard, les Russes se montrent accueillants avec les étrangers et ont toujours énormément de questions à nous poser (malgré la barrière de la langue). Des questions sur notre pays, sur l’image que l’on a de la Russie… Ils se montrent finalement toujours très heureux de rencontrer des étrangers ! Et c’est réciproque…

Ce que nous avons pu constater aussi à propos de cette population, c’est une certaine misère sociale et clairement un gros problème d’alcoolisme. Le mythe du russe qui a-fone de la vodka ne vient pas de nulle part. Malheureusement, beaucoup de personnes, surtout des hommes, sont alcooliques ici. Il est commun de voir des gens tituber dans la rue, d’en voir d’autres avec des bouteilles en mains à 10h du matin… Une ambiance qui reflète un certain malaise social dans cette société.

Une impression qui ne nous a pas quitté durant nos aventures russes est qu’il y a peu de vie et d’animation dehors. On se retrouvait vite seuls dans la rue, il y a finalement peu de restaurants, de cafés et d’animation dehors, même dans le centre. On se dit que les Russes semblent plutôt vivre chez eux, à l’intérieur. Ils sont nombreux dans les magasins à faire quelques courses mais ils filent ensuite probablement dans leurs appartements pour en profiter en famille. La vie sociale semble se vivre à son domicile. En même temps, on les comprend : ça caille !

Durant notre trip, nous sommes restés bien au chaud dans le transsibérien. Et quelle expérience ! Prendre le temps, avaler les kilomètres petit à petit, observer le paysage, partager un thé, papoter avec son voisin de couchette, grimper sur sa couchette en hauteur pour faire dodo, être bercé par le roulement du train et le ronflement de son voisin (hum) durant la nuit… C’est tout un petit monde que nous avons découvert dans le transsibérien et une aventure où on se laisse porter et où on (ré)apprend à prendre le temps. Nous avons aussi été frappé par ces magnifiques paysages (que l’on a eu la chance de voir enneigés aussi!), qui sont inlassablement les mêmes entre la Sibérie et Saint Petersburg. La taïga semble infinie…

La Russie c’est une nature incroyable ! Dans cet immense pays, comment ne pas remarquer ces étendues vierges de toute activité humaine, ces forêts colorées, ces cours d’eau et petits étangs… Parfois, loin de tout, dans cette nature qui semble avoir tous les droits, un petit village apparaît. Quelques cheminées crachent de la fumée, les maisons en bois se courbent avec les années et le vent, des choux dans les potagers mettent de la couleur dans un paysage terne… De nombreuses fois, nous nous sommes quand même dit que certains coins semblaient comme figés dans le temps, comme « gelés ». Comme si on avait pris une photographie il y a bien longtemps et que l’on pouvait s’y replonger… De longs tubes traversent les routes et les sentiers boueux. Serait-ce pour distribuer l’eau ou le gaz aux maisons ? Une jeune dame sort de sa maison en bois toute décrépie et de travers, un fichu sur la tête, un panier au bras… Cela change de la frénésie de Moscou !

Un pays gigantesque qui nous aura apporté son lot de surprises et de découvertes. On a parfois du mal à imaginer que certains Russes vivent dans la vie trépidante de Moscou, que d’autres vivent tout en haut dans le cercle Arctique, et encore d’autres sur la côte pacifique. Un pays aussi rythmé par des saisons bien marquées, qui apportent à chaque fois une nouvelle magie aux paysages. L’automne était magnifique… Que doit-être le printemps, lorsque les fleurs apparaissent dans les champs de Souzdal… Que doit-être l’été lorsque les habitants de Saint Petersburg sortent boire une bière sur les terrasses des cafés… Que doit-être le lac Baïkal en plein hiver, avec sa couche de glace et ses stalactites sur la roche…

Un pays à découvrir et redécouvrir donc…

Saint Petersburg

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Deuxième ville de Russie, Saint-Pétersbourg se trouve aux portes de l’Europe non loin de la mer Baltique. Cette ville attire de nombreux visiteurs et artistes aujourd’hui car elle possède un ensemble architectural unique et plein de charme, construit au bord de canaux et de la rivière Neva. Si la ville est si belle, c’est surtout car elle a été la capitale de l’empire impérial russe pendant près de deux siècles. Le faste et la grandeur des bâtiments témoignent du pouvoir et de la richesse des tsars. C’est Lénine qui transférera la capitale à Moscou peu après la Révolution. Elle changera même de nom durant cette période (Leningrad) mais un référendum mené durant les années 90 lui rendra son nom d’origine.

Nous étions très impatients de découvrir cette ville ! Mais on savait aussi que nous devions en profiter un maximum car elle est la dernière étape majeure de notre tour en Russie… Et finalement aussi de notre tour du monde !

Nous voilà donc arrivés, après 4 heures de TGV ! Durant notre marche jusqu’à notre auberge, nous avons le regard rivé sur les bâtiments colorés qui serpentent autour des canaux aux eaux brunâtres et tranquilles…

Durant nos trois journées ici, nous aurons de nombreuses occasions de découvrir les dédales de cette ville mythique… Au coin d’une rue, la cathédrale Kazan aux colonnes massives. Au bout d’une route, une autre cathédrale au style bien plus russe que la précédente, avec ses dômes colorés et en forme de meringues, la cathédrale Saint Sauveur. Sur un petit pont passant au-dessus d’un canal, des statues délicates en forme de félins dorés. Non loin de là, un petit parc où s’envolent des feuilles aux teintes orangées. Le long de la Perspective Nevsky (la rue principale), des magasins de luxe et des coffee shops où s’engouffrent des habitants pressés. Au bout de cette artère, la plus grande place de la ville où l’on vient admirer le Palais d’Hiver. Cet immense bâtiment bleuté abrite le célèbre musée de l’Ermitage. On y trouve ici une des plus belles collections d’art au monde ! On y admire des oeuvres de Léonard de Vinci, Raphaël, Rembrandt ou même Monet et Gauguin. Nous y avons passé une après-midi. Les lieux sont incroyables ! Des milliers de pièces aux lustres scintillants et moulures aux mille détails… Nous ne nous y connaissons pas bien en art, toute cette collection est du coup un peu indigeste, mais nous avons ciblé quelques oeuvres célèbres et avons apprécié notre promenade dans ce labyrinthe de pièces prestigieuses. De l’autre côté de la Neva, large cours d’eau qui traverse la ville, on peut admirer toute la rive opposée, dont le palais d’hiver. On y aperçoit le dôme gigantesque d’une autre église, à quelques pas de là. Le soleil est bas ici au milieu de l’après-midi, il se reflète alors dans les fenêtres des bâtiments et sur les dômes des églises qui dominent la ville.

A Saint-Pétersbourg, il y a aussi une grande tradition de ballet de danse. Un soir, nous nous sommes rendus au théâtre Mariinsky, pour voir leur troupe danser sur l’oeuvre « La Sylphide ». Le théâtre est magnifique. Ici, pas question de venir avec son bonnet péruvien et des chaussures de randonneurs : tenue correcte exigée. Nous avions donc une robe et une chemise de circonstance ! Un moment marrant, dans notre tour du monde où notre garde-robe se résume d’habitude aux mêmes trois tenues depuis 11 mois ;-). Le spectacle de ballet était superbe et surprenant : pas du tout barbant et classique, c’était une danse très théâtrale. Pas besoin de paroles, nous avons compris toute l’histoire de l’oeuvre grâce aux danses, gestes des danseurs. Les décors étaient aussi somptueux. Quant au public, on a constaté que l’on était ici avec des familles de la classe moyenne et aisée de la ville. Ils n’hésitaient pas à applaudir et crier leur enthousiasme dans cette salle très chic. Une super expérience que l’on est pas près d’oublier !

Le soir, dans le froid de l’automne russe, nous nous réfugions dans un petit bar tranquille devenu notre QG de Saint-Pétersbourg, pour papoter de nos aventures de la journée ou déguster un bon petit plat.

Une belle façon de finir notre trip en Russie…

Moskau !

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Nous voilà enfin arrivés à Moscou, la capitale mythique de la Russie. Après avoir profité de la tranquillité de villes comme Souzdal ou Vladimir, nous voilà dans une énorme ville. On annonce de la neige et un sentiment mitigé nous habite : d’un côté cela peut vraiment être beau à voir, et d’un autre, nous ne sommes pas du tout équipés ! Après nous être installés à notre hostel, nous partons voir la fameuse Place Rouge. Très impressionnante ! D’un côté la fameuse basilique symbole de la ville et même du pays, ce superbe édifice plein de couleurs fait penser à une grande glace. Et puis juste à côté, le kremlin de Moscou : le lieu où s’est concentré le pouvoir de la Russie ces dernières décennies. De jour, elle est déjà impressionnante, mais le soir, l’endroit est réellement bien mis en valeur.

Bien sûr, Moscou est une grande ville mais franchement, nous avons adoré nous y balader et la découvrir. Nous avons commencé par le kremlin ! Protégé par une immense muraille, cette grande forteresse a d’abord été la résidence officielle des tsars puis des dirigeants soviétiques et maintenant le bureau du Prési russe.

En nous baladant d’une église à l’autre, nous sommes tombés sur une parade militaire. Les Russes semblent vraiment adorer tout ce qui est lié à la chose militaire. Ils fredonnent les musiques interprétées par la fanfare et commentent les pirouettes des fantassins avec leurs fusils. Par contre, le coup de fusil, nous ne nous y attendions pas ! Les touristes russes ont adoré !

Il fait vraiment caillant et nous sommes obligés d’aller faire un peu de shopping pour pouvoir continuer à profiter de nos balades. Une écharpes, des gants et de bonnes chaussures et nous voilà parés ! Nous nous sommes donc baladés dans les parcs de la ville et nous avons même été jusqu’au fameux marché Ismailovsky (connu pour avoir les mêmes souvenirs que dan le centre mais beaucoup moins chers…).

Même si le kremlin attire la majorité des touristes, il y a une autre attraction très populaire à Moscou : la visite à Lénine ! Personnage ultra important vu que d’une certaine manière, c’est lui qui a créé le communisme et a mené les bolcheviks à la révolution. Il est assez vite écarté du pouvoir à cause de la maladie et c’est Staline qui emporte la guerre de succession quand il meurt. Lénine voulait être enterré avec sa mère à Saint-Petersburg mais le camarade Staline en a décidé autrement. Il s’est dit qu’il serait bon de continuer à utiliser l’image de Lénine comme icône et en fait un mythe. Son corps est donc exposé publiquement sur la Place Rouge et encore aujourd’hui on peut aller voir son corps embaumé.
Ce « pèlerinage » est donc un moment important pour les Russes et une longue file attend d’habitude les visiteurs. Nous tombons par chance sur un moment creux et nous en profitons pour aller jeter un coup d’oeil. L’expression est assez juste vu que nous ne passons même pas une minute dans le mausolée. Mais cette minute laisse une drôle d’impression. Voir ce corps momifié est très impressionnant (voire glauque…) ! En tous cas, la paraffine fait bien son boulot !

Nous ne le faisons pas dans chaque ville, mais nous nous sommes dits que le musée d’histoire d’état pourrait être intéressant… Grave erreur ! Le musée est super riche et possède des milliers de pièces de valeur. Mais pour ce qui est de rendre la visite intéressante digeste, on repassera… La billetterie est en anglais mais bizarrement, la langue de Shakespeare disparait complètement une fois passée l’entrée. Du coup, nous nous sommes munis d’un guide audio. Et après plusieurs heures, nous sommes ressortis sonnés !

Comme dans beaucoup de ville, nous nous sommes trouvés un QG pour nous restaurer. Un petit café qui sert des quiches et des petits plats délicieux. L’endroit parfait pour se réchauffer après une bonne journée de marche dans le froid. Et en plus ils servent de la Leffe… Nous y sommes retournés tellement souvent que le serveur nous serrait la main pour nous dire bonjour.

Finalement, la neige n’a pas tenu et il est déjà temps de prendre le train pour Saint-Petersburg !

Etapes du Transsibérien : partie 2

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KM 7858 Nijni-Novgorod

Etape suivante : Nijni-Novgorod. Après une nouvelle nuit dans le Transsibérien (pas de ronfleur cette fois…), nous débarquons dans cette agréable ville au beau kremlin. Après avoir posé nos sacs chez notre hôte airbnb, nous nous baladons un peu dans la ville mais nous abandonnons assez vite : nous sommes crevés ! Et oui, l’aventure transsibérienne n’est pas de tout repos ! Le jour suivant cette journée de glandouille, nous partons à la découverte de la ville en commençant par gouter les plats d’une poissonnerie qui fait aussi petit resto ! Trop bon ! Nous prenons ensuite le bus pour aller jusqu’au musée installé dans l’appartement de Sakharov. Ce nom vous dit quelque chose ? Eminent scientifique russe, Sakharov s’est d’abord illustré en mettant au point la bombe H russe. C’est un peu paradoxal, mais après avoir développé la bombe H, il se rend compte du danger que cela pourrait entrainer. Il devient donc ensuite un militant contre la course à l’armement. Ce n’est qu’après cela qu’il commencera le combat pour lequel il est surtout connu en Europe : les droits de l’Homme. Sakharov milite en effet pour le respect des droits et des libertés civiles et dénonce les abus du régime soviétique. Il recevra le Prix Nobel de la Paix en 1975 pour son combat. Les autorités russes le démettent de ses fonctions et lui retirent ses distinctions honorifiques et finissent par l’arrêter et l’assigner à résidence à Gorki. Sakharov sera privé de liberté pendant 6 ans jusqu’à ce qu’une nuit deux employés viennent subitement lui installer le téléphone. Le seul appel qui sera passé par cet appareil sera Gorbatchev lui informant de la fin de son exil.

Le musée que nous visitons est donc l’appartement où à été enfermé Sakharov. Nous avons un peu galéré pour trouver ce musée mais finalement un passant nous montre à quel étage il faut sonner. Vachement discret pour un musée ! Le petit appartement est aménagé comme à l’époque avec une pièce consacrée à l’histoire de sa vie. On peut voir dans quelles conditions sa femme et lui ont vécu pendant 6 années. On voit aussi les lettres de soutien qu’il a reçues du monde entier et le fameux téléphone qui lui a annoncé sa libération. Nous avons rencontré un jeune russe qui a proposé d’accompagner un touriste chinois perdu au musée. Nous discutons un peu malgré son anglais approximatif. Il nous demande quelle image nous avons de Gorbatchev. Avec prudence, nous lui expliquons qu’en Europe il a l’image de celui qui a ouvert la Russie mais nous comprenons vite que notre nouvel ami ne partage pas ce sentiment. Il nous explique que Gorbatchev est détesté en Russie parce que c’est lui qui a provoqué la chute de l’URSS et a ouvert le pays à la corruption. Le touriste chinois tente une comparaison entre leur deux pays et nous parlons de la gratuité des services. Une rencontre très intéressante !

Nous retournons ensuite dans le centre pour nous balader dans le kremlin qui offre une belle vue sur la Volga et la ville. Nous tentons de remplir une bouteille d’eau pour notre collection mais pas moyen ! Nous finissons par trouver la cloche que les parents d’Adèle nous avait défié de chercher et nous nous réfugions dans un café pour boire un thé… Il fait caillant !

Nous préparons notre sac pour le lendemain : nous avons un train à prendre pour nous rendre à Vladimir !

KM 8109 Vladimir et Souzdal

Après un court trajet en train (heureusement parce que nos compagnons de wagons avaient bien transpiré pendant la nuit…), nous arrivons à Vladimir où il fait encore plus froid ! Nos hôtes airbnb nous attendent et nous conduisent jusqu’à leur appartement qui est un peu en-dehors du centre et donne une belle vue sur le centre. Nous nous lançons à la découverte de la ville après avoir testé la cantine locale (très bon!). Le ciel est rempli de nuages menaçant mais le soleil éclaire toujours les dômes dorés des églises orthodoxes : le contraste est saisissant. Le kremlin nous offre encore une fois une vue sur la campagne environnante mais une autoroute défigure le paysage. Quelques flocons se mettent à tomber et, pas équipés, nous finissons pas rentrer nous réfugier. Nous consacrons la fin de l’après-midi à nous préparer un bon petit plat (trop cool de retrouver une cuisine).

Le lendemain, nous prenons le bus pour la petite ville de Souzdal qui est apparemment le joyau de la région. La neige a un peu tenu et nous offre de beaux paysages. Arrivés à Souzdal, nous croisons quelques touristes (plus que dans les autres villes en tous cas) en nous baladant dans le marché local. Nous hésitons en voyant les toques de fourrure typiquement russes mais nous repartons les mains vides ;-). Après avoir fait le plein de chaleur en mangeant un morceau, nous visitons le monastère de Souzdal. Pas mal de bâtiments sont aménagés pour exposer des objets en or ou des objets religieux mais ce que nous avons préféré c’est nous balader dans les petites cours et les parcs du monastère.

Retour à Vladimir pour refaire notre sac parce que demain, nous partons pour Moscouuuuuuuu !

 

Etapes du transsibérien – partie 1

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Krasnoïarsk – KM 3 759 (kilomètres parcourus depuis Pékin !)
Le train ralentit. Le ciel est nuageux. Nous descendons du train contents de pouvoir nous dégourdir les jambes mais un peu déboussolés… En effet, nous venons de passer 18 heures dans le train et nous avons deux heures de décalage horaire. Nous sommes bien loin du lac Baïkal à présent… Mais malgré tout toujours en Sibérie !
Il faut le dire, il n’y a pas grand-chose à faire ou à voir dans cette petite ville sibérienne quelconque… Mais elle permet aux voyageurs du transsibérien, comme nous, de faire une pause dans leur course vers l’Ouest et de découvrir un autre visage de ces contrées lointaines… Marina, notre hôte Airbnb, nous accueille dans un grand bâtiment soviétique aux nombreux appartements et couloirs glauques et malodorants. Difficile de communiquer, mais on s’en sortira avec des sourires et des grands gestes.
Il a plu durant presque tout notre petit séjour ici. Armés de nos K-Ways, nous avons parcouru les rues inondées où s’alignent églises orthodoxes aux dômes dorés et HLM grisâtres aux fils électriques emmêlés. Le plein de repos avant d’entamer nos kilomètres suivants…

Tyumen – KM 5 719
Il fait nuit noire lorsque nous sortons de la gare de Tyumen. Nous venons de passer 30 heures dans le train. Une grande étape ! Près de 2000 kilomètres parcourus… Autant dire que l’on a bien changé de région. Quant au paysage, il est resté sensiblement le même : toujours ces étendues boisées et ces herbes jaunies par la chaleur de l’été qui vient de se terminer. La région de Tyumen est particulièrement riche grâce à son extraction de pétrole. De nombreux trains marchandises ont d’ailleurs croisé notre route, avec des litres et des litres de pétrole dans des containers. Malheureusement pas le temps de se promener à Tuymen, dès le lendemain matin, nous sommes en route vers la petite ville de Tobolsk, à 3 heures de train de là…

Tobolsk (KM 5 940) est une petite ville calme et paisible. Le passage du rail à Tyumen et non ici en est probablement la cause majeure… Une petite halte qui fait donc du bien, au calme et sous les derniers rayons de l’automne. On vient à Tobolsk pour une chose : son magnifique kremlin. Nous en verrons plein en Russie, et on s’est posé la même question que vous : mais qu’est ce qu’un kremlin finalement ? Le kremlin est la partie fortifiée au centre des cités russes. En fait, il représente le lieu du pouvoir. Généralement, une cathédrale se trouve en son sein, mais le kremlin n’est pas qu’un lieu religieux. Celui de Tobolsk est particulièrement bien conservé et sa couleur blanche nous aveugle presque. Quelques dômes dorés, et d’autres bleutés avec des paillettes et étoiles d’argent… Le guide Lonely Planet parle d’une vieille ville aux rues boueuses et anciennes maisons de bois typiques… Bon ça on a pas trouvé, la ville a été entièrement remise à neuf et il serait temps que ces baroudeurs reviennent faire un tour ici :-) mais on a trouvé les promenades dans les ruelles plutôt agréables. Au détour d’une rue, nous avons découvert la maison où a grandi le célèbre scientifique Mendeleïev (qui ne se souvient pas de l’apprentissage de ce tableau pour le cours de sciences…).
Dans cette ville, on a quand même eu l’impression d’être seuls au monde… Peu de monde dans la rue, peu de commerces ou restaurants, peu d’animation ou de marchands… Peut-être est-ce le froid ?
Nous rencontrons quand même deux professeurs venus pour une conférence à l’université. Nous avons communiqué comme nous pouvions (avec l’aide de Google traduction!) et avons partagé un repas typiquement russe : crêpes à la viande, raviolis, salade et salami, le tout avec un thé chaud. Un régal mais un peu lourd avant une nuit dans le train ! ;-)

Yekaterinburg – KM 6 485
En une nuit, nous avons changé d’univers : bienvenue dans la région de l’Oural, dans la ville moderne et dynamique de Yekaterinburg. Ici, on doit lever les yeux au ciel pour apercevoir le dernier étage des immeubles, MacDo a trouvé des clients pour vendre son BigMac, on croise des touristes… Un étape que l’on a aimé pour son mélange de modernité-vieilles bâtisses croulantes, pour ses espaces verts et ses plans d’eau, pour ses centres commerciaux où boire un café après une longue promenade dans le vent glacial, pour ses rencontres à notre auberge… Mais aussi, pour ses découvertes historiques. C’est ici même que le dernier tsar de Russie, Nicolas II, a été assassiné avec sa famille. Lecteurs peu friands d’histoire, ne vous endormez pas tout de suite, vous connaissez tous ce monsieur. La famille Romanov, cela vous dit quelque chose ? Anastasia ? Révolution de 1918 ? Nous y sommes ! Suite à la révolution russe, le tsar Nicolas II a abdiqué et s’est exilé avec sa famille, mettant fin à des siècles de tsarisme. Ils se sont réfugiés à Yekaterinburg où ils seront exécutés peu après. Le lieu même de l’assassinat n’existe plus, certains avaient peur que cela attire les monarchistes et ravive la flamme de leurs convictions. Mais on peut y voir une statue représentant la famille et de nombreuses photos d’époque. Même si nous n’avons pas beaucoup de sympathie pour ce monsieur dictateur et trop peu soucieux de son peuple, cette dynastie a marqué le pays tout entier et connaître leur histoire, c’est apprendre à connaître le peuple russe actuel aussi… Nous serons d’ailleurs frappé par le véritable culte rendu à Lénine, ce révolutionnaire et père du communisme, qui délivra le peuple russe de l’emprise du dernier tsar. Il a une statue dans toutes les villes et les rues principales portent souvent son nom.

Perm – KM 6 865
Une nuit plus tard, nous voilà à Perm. Une nouvelle fois, nous avons logé dans un appartement situé dans un HLM à la russe aux portes blindées et couloirs décrépits. Nous avons été bien accueilli par notre hôte Evgenii et avons pas mal papoté sur son pays (il parle anglais, non non nous n’avons pas fait de progrès en russe!). C’est impressionnant comme les russes nous questionnent beaucoup sur la Russie et de ses habitants. Ils veulent savoir que l’on en pense. Ils veulent aussi toujours prendre des selfies, même si l’on a parlé que quelques minutes. Ca nous fait des belles photos souvenirs ! Nous apprendrons que malheureusement un musée que nous voulions vraiment visiter a fermé récemment. C’était un musée sur les goulags. Les goulags sont des camps d’emprisonnement et de travail forcé répartis dans les régions reculées comme la Sibérie ou même ici (le plus loin possible de Moscou!). Etaient envoyés là-bas les prisonniers et les ennemis de l’Etat. De nombreux opposants au régime politique ou dissidents religieux ont été exilés dans ces goulags. Les conditions de vie et de travail y étaient particulièrement dures. C’est en partie grâce à tous ces hommes prisonniers que le rail du transsibérien existe aujourd’hui. Ce sont eux qui ont sué pour mettre en place ce réseau ferroviaire gigantesque.
Perm est une ville très agréable et pleine de verdure… C’est ici que pour la première fois nous avons goûté au véritable froid russe… Un vent qui vous glace les mains et vous gifle le visage. Ce serait déjà l’hiver ? Il est temps d’avancer ! En route !

A bord du transsibérien !

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C’est parti pour l’aventure en transsibérien !

Ce nom fait rêver non ? Un train qui traverse autant de km (1/4 de la circonférence de la terre), qui relie des pays comme la Chine, la Mongolie, qui traverse entièrement la Russie,… Il y a quelques mois, nous nous sommes dits que ce serait le moyen parfait de revenir vers l’Europe après avoir découvert la Chine.

Le trans-quoi ? Débuté en 1888, ce tracé légendaire relie Moscou à la Sibérie et à l’Asie. Les tsars russes se sont lancés dans cette aventures pour développer la Sibérie (et ainsi calmer les mouvements nationalistes sibériens) mais aussi pour accéder au Pacifique et peser face à la Chine. Plusieurs autres tronçons ont été développés : le transbaïkal, le transmandchourien… et nous, nous avons pris le tronçon transmongolien qui part de Pékin pour rejoindre le transsibérien au Lac Baïkal et continuer la route jusqu’à Moscou. Donc traverser 5 ou 6 fuseaux horaires et parcourir plus de 8.000 km en train. On peut parcourir ce trajet en 6 jours, mais nous, nous avons décidé de prendre notre temps : nous avons pris un mois.

Voilà le plan :

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La vie à bord est paisible. Il faut dire que la vitesse moyenne du train est assez basse. Ca laisse le temps d’admirer le paysage. Le wagon est composé de compartiments, fermés pour la 2e classe et ouverts pour la 3e. Chaque compartiment contient 2 x 2 couchettes superposés assez étroites (ou 3x 2 en 3e classe). Au milieu des couchettes, une table toujours encombrées de tasses de thé. Au fur et à mesure des trajets nous avons fini par comprendre quelques trucs. Le mieux est de prendre deux lits superposés : la couchette du dessous sert alors de siège quand on ne dort pas. Nous avons aussi compris comment organiser nos bagages, parce que par rapport aux Russes qui effectuent des petits trajets, nous voyageons plutôt encombrant. Hop, quelques sacs dans le compartiment en dessous des couchettes du bas et le reste dans la cachette du dessus ! A peine arrivés dans le train, la podvonista (la chef de wagon) vient nous apporter nos draps et chacun installe son lit. L’installation dans le compartiment devient vite une routine. La podvonista vient souvent nous parler en russe mais nous ne comprenons pas un mot. Nous parvenons souvent à deviner ce qu’elle veut. Souvent réclamer les draps 1/2h avant l’arrivée en gare.

Pour manger, c’est pique-nique ! Le chouette truc à bord des trains, c’est qu’on a accès à de l’eau bouillante. Donc pour faire des nouilles instantanées ou des thés, c’est parfait ! Parfois on a même eu droit à un repas : souvent des pâtes baignés dans de l’huile. Burps !

Dormir n’est pas toujours évident : nous sommes tombés plusieurs fois sur des ronfleurs de haut niveau et ce n’est pas de tout repos. Nous nous sommes même retrouvés à siffler (comme dans la Grande Vadrouille) pour tenter d’en convaincre l’un ou l’autre de changer de position : parfois ça marche et parfois pas ;-) . La plupart du temps, nous avons quand même bien dormi. Les trains font pas mal d’arrêts et les horaires sont affichés dans le wagon. Il faut vite comprendre un élément essentiel dans les trains russes : vu que nous traversons plusieurs fuseaux horaires, l’heure affichée partout est celle de Moscou ! Cela nous a fait bizarre au début en voyant nos tickets ! Cela demande un peu d’organisation mais on s’y habitue assez vite ! Les toilettes ne sont pas trop mal mais là aussi, un peu d’organisation s’impose : elles sont fermées un peu avant l’arrivée en gare et pendant tout le temps où le train est à quai.

Nous avons croisé pas mal de gens dans ces trains. Certains ne veulent pas trop parler. D’autres essaient, mais souvent la barrière de la langue est forte. On tente quelques mots d’Anglais ou de Russe (les quelques-uns que nous avons appris) mais ce n’est pas évident ! Beaucoup des voyageurs qui traversent rapidement le pays passent par des agences et sont en fait rassemblés dans des compartiments (en mode auberge de jeunesse). Ca peut être chouette mais on n’y croise pas un Russe et passer par une agence revient plus cher ! Donc, nous avons opté pour le voyage avec les Russes ce qui nous a permis d’en rencontrer et de les observer vivre à bord du Transsibérien. Les seuls étrangers que nous avons croisé, ce sont deux Belges !

Les paysages sont superbes tout au long du voyage, d’autant plus avec les belles couleurs de l’automne. On croise parfois de petits villages avec de petites maisons en bois et leur toit à la forme typique. Nous avons parfois eu l’impression de traverser des villages qui n’ont pas bougé depuis quelques décennies. Certains sont même très mignons et d’autres sont plus lugubres et sombres avec encore tout l’aspect soviétique de l’époque. On traverse surtout la taïga qui est ce type de forêt composée de bouleaux et de conifères. On croise aussi des trains de militaires qui sont en manoeuvre et on peut voir la fascination de beaucoup de Russes pour leur armée (et pour les armes en général). Pour passer le temps, certains se baladent dans le train le long des étroits couloirs qui longent les compartiments, d’autres regardent des films ou jouent sur leur tablette. C’est assez marrant de les voir en short et en tongs alors qu’il gèle dehors. Les Russes se mettent vraiment à l’aise quand ils prennent le train pour un long trajet.

Ces longs voyages sont vraiment une expérience folle. Et avec toutes ces étapes, nous l’avons vécue à fond. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à vous raconter quelques étapes !

Sur les rives du lac Baïkal

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Visible à l’oeil nu sur une carte du monde, ce grand lac forme une demi-lune azur en plein coeur du territoire sibérien. Un passage obligé et mythique pour les voyageurs du transsibérien.

D’Oulan-Oude, il nous faudra 8h à bord d’un train pour rejoindre la ville d’Irkoutsk, point de départ pour explorer le lac. 8H, le visage collé à la vitre sale du train, à admirer ses rives sauvages et son immensité. Le lac n’est pas très large : près de 60 km. Par contre, il est particulièrement long, il ferait 600 km ! Difficile de voir la rive opposée, ce n’est que de l’eau à perte de vue. Comme un océan. Ce jour-là, il fait nuageux et venteux. Des petites vaguelettes viennent se jeter sur les plages de rochers et le lac porte un manteau grisâtre et brumeux. Par contre, aux alentours, des collines boisées apportent de nombreuses couleurs d’automne au paysage. C’est magnifique ! Nous passons cette longue journée en compagnie de deux voyageurs belges… Le monde est petit ;-) !

La pluie tombe à grosses gouttes lorsque nous arrivons dans la ville d’Irkoutsk, considérée comme la capitale de la région sibérienne. Nous courons à l’hôtel où nous avons réservé une chambre et rêvons déjà d’un bon petit plat !

La ville d’Irkoutsk a toujours eu une importance non négligeable au vu de son positionnement stratégique près du lac. On y a donc construit de belles demeures et des églises orthodoxes colossales et colorées. Sur la rue principale, on aperçoit des élégants bâtiments du 19eme siècle aux moulures arrondies et couleurs pastels. A quelques pas de là, on croise de vieilles maisons en bois aux volets délicatement peints. Sur le trottoir, on marche sur un tapis de feuilles mortes. Les vieux trams grincent dans les rues tranquilles, où circulent de vieilles lada et des habitants sibériens emmitouflés dans de gros manteaux. Dans les parcs, des familles et amoureux viennent nourrir les pigeons. Une marée d’oiseaux s’installent à leurs pieds et sur leurs épaules. Durant notre petit séjour ici, nous sommes surpris de revoir des visages « familiers » : yeux bleus, peau claire… On passe « presque » incognito.

Après un chouette petit séjour chez Galina, la gérante de notre hôtel – qui fait d’excellentes crêpes et confitures pour le petit-déjeuner, nous partons en direction du hameau de Listvianka, lotis au bord du lac Baïkal. Il fait grand soleil lorsque nous arrivons. Les eaux du lac sont d’un bleu éclatant et à l’horizon, nous devinons le relief des côtes opposées.

Notre journée à la découverte de ce lac a été magique ! Nous marchons près de 10 km sur les rives du lac et sur des sentiers forestiers. D’ici, l’on peut observer la fameuse « taïga » sibérienne, qui est en fait le nom que l’on donne à ce type de forêt de conifères et de bouleaux. On en voit à perte de vue et cette dernière recouvre une grande partie de ce territoire immense… Peut-être que l’un des derniers tigres de Sibérie s’y cache :-) !

Durant cette journée, on a donc droit à un super show de Dame Nature… Le soleil dore les feuilles jaunies par l’automne. Le rouge des buissons contraste avec le ciel bleu dégagé. Les eaux cristallines du lac s’étendent à l’horizon… Après un peu de grimpette, nous atteignions un point de vue splendide sur le lac. Nous y restons un bon bout de temps en pleine contemplation, malgré quelques brises de vent glacées qui annoncent l’hiver.

Bientôt, d’ici un mois ou deux, aussi dingue que cela puisse paraître, le lac va geler. Entièrement ! Il sera alors possible de faire des randonnées dessus avec des crampons, de faire du patinage, mais aussi de rouler dessus avec des voitures. Il paraît que le lac est si pur et si profond que l’on voit à travers la glace comme dans un miroir. Actuellement, pas de glace, si vous voulez vous baigner, il faudra malgré tout supporter le froid des eaux cristallines du lac. Nous n’avons pas vu un seul courageux :-). Même l’été, la température ne monte jamais au-dessus de 15°C.

Si l’on entend autant parler du lac Baïkal, même de notre Belgique bien lointaine, c’est pour la simple raison que ce dernier est une des plus grandes réserves d’eau douce de notre planète et qu’il est fortement en danger. Il a déjà pas mal perdu de sa capacité et certaines usines non loin de là mettent en péril sa pureté. On nous a dit que nous pouvions boire l’eau du lac sans souci. C’est un peu surprenant lorsque l’on apprend que des usines jettent des déchets et des produits polluants sur une autre rive non loin de là…

Le soleil se couche bientôt à l’horizon, donnant une teinte rosée aux eaux immobiles du lac. Un dernier coup d’oeil et nous revoilà sur la route… Plutôt sur les rails…