Archives de l’auteur : Adèle et Jay

Impressions péruviennes

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Cela fait quelques semaines maintenant que nous avons quitté le Pérou et on ne cesse de se rappeler certains moments, certaines émotions ressenties durant notre passage. Nous avons pris le temps de compiler tout cela et nous avions envie de vous partager quelques-unes de nos impressions.

Le Pérou…

Est un pays mythique. Qui n’a jamais entendu parler du Machu Picchu et des Incas, qui ne place pas le Pérou dans son top 10 des pays à découvrir ? Le Pérou est l’un des pays les plus touristiques d’Amérique du Sud. La boucle du Sud comprenant la visite de Cusco, d’Arequipa et du Lac Titicaca s’appelle même « el classico gringo » – le tour classique du blanc, du touriste. Nous aussi nous avons foulé ces mêmes routes, visité tous ces lieux « classiques ». Nous aurions pu rejeter ces circuits et aller nous perdre hors des sentiers battus. Oui, nous aurions pu, mais ce que nous avons constaté c’est que le Pérou n’est pas un pays mythique pour rien, ce pays a tellement de richesses que son succès est amplement mérité. Avant de venir, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. Nous avons découvert des paysages tellement variés, une richesse culturelle et gastronomique qui nous a époustouflé. Chaque étape devenait un incontournable de notre séjour. Il faut dire qu’au Pérou, en quelques heures de trajets, on passe d’un désert à la forêt amazonienne, de plateaux à haute altitude à la côte où surfeurs et palmiers vivent en harmonie, d’une gastronomie à une autre, d’une palette de couleurs à une autre… Et il y a encore tellement à découvrir !

Est touristique, sans toujours être pourvu d’une organisation touristique. Des milliers de touristes affluent chaque année pour visiter le Pérou. On pourrait alors croire que l’on va trouver des infrastructures colossales et des services pour tous les types de voyageurs. Et bien non ! Si l’on veut voyager en indépendant, il est parfois compliqué de trouver les informations nécessaires et tout est fait pour encourager le voyageur à s’inscrire dans des tours organisés et donc plus chers. Notre exemple le plus marquant est celui du site du Machu Picchu, LE site archéologique en Amérique du Sud par excellence, obligé de limiter le nombre de visiteurs tous les jours pour éviter la cohue et préserver son patrimoine. Le Pérou vous proposera une manière d’y accéder : le train. Ce train est réputé pour être le plus cher du monde et les 3/4 des visiteurs étrangers sont incapables de payer ce prix. Ainsi, toutes les autres options pour y accéder ont été agencées par des particuliers et des routards, et sont organisées de manière anarchique. Ainsi, pour atteindre le site de manière plus économique, nous avons pris 1 bus, 2 taxis et marché 3h. Heureusement que les trucs et astuces s’échangent entre voyageurs ! Cette solution ne coulait pas de source. Le plus absurde c’est que les autorités savent très bien que des milliers de personnes marchent « dangereusement » sur les voies de chemin de fer tous les jours mais aucune solution économique n’est mise en place pour autant. On peut également reprendre l’exemple de notre trek dans le canyon de Colca. Des voyageurs nous ont expliqué comment effectuer le trek, ce qui nous a permis de l’effectuer à moindre coût en indépendant. Sans agence il est difficile de le savoir, ou alors il faut être prêt à partir avec des informations floues et des cartes des sentiers qui ressemblent à des dessins d’enfants :-). Sur les chemins, aucune indication, heureusement qu’un villageois passe de temps en temps pour te confirmer que tu es sur la bonne voie :-). Cette anarchie a beaucoup de charme, mais vous demandera du temps et de la patience :-).

N’est malheureusement pas un pays que l’on retient pour la chaleur de ses habitants. Nous venions du Brésil amazonien où les passants ont le sourire, le Bon dia facile, où la musique rythme tes pas dans les rues, perturbe tes pensées… Une certaine chaleur humaine se dégageait de cette partie du monde, quelle a été notre surprise au Pérou lorsque nous avons rencontré une population réservée, froide et très – voire trop de notre point de vue – polie. En effet, nous avons notamment constaté qu’ils sont assez distants et formels dans leurs rapports sociaux. Nous n’avons donc eu que très peu de contacts avec les péruviens. Peut-être si nous avions parlé couramment l’espagnol - promis on a fait plein d’efforts ? Non, pas spécialement car au Brésil, nous n’avions que des bases légères en portugais et nous avons bien plus échangé avec la population. Peut-être si nous étions dans un autre contexte que le tourisme ? Probablement un peu plus. En travaillant et vivant avec eux, nous supposons que quelques barrières s’effondrent… C’est toujours dommage car nous avions tellement de questions et tellement envie de ces rencontres ! Mais c’est aussi respecter leur culture et leur manière de vivre que d’essayer de comprendre. Quelque chose qui nous a marqué sur cette société et qui explique peut-être en partie cette culture, c’est la coexistence entre des peuples si différents dans un territoire contrasté : population indigène des Andes ou d’Amazonie et population hispanique blanche, héritage des Espagnols. Cette cohabitation nous est apparue difficile au quotidien – inégalités des chances, culture et croyances différentes… – mais très enrichissante et il est clair que ce sont ces contrastes qui sont à la base de l’identité péruvienne.

3 jours dans le sud bolivien

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3jours dans le sud bolivien de Adèle et Jay que vous pouvez retrouver sur Vimeo

La pointe sud-ouest de la Bolivie est une région sauvage et isolée du reste du monde. On la décrit comme un ensemble de grands espaces désolés et tout en relief. Rares sont les visiteurs venus en Bolivie qui ne partent pas découvrir la région. Nous-mêmes nous n’aurions manqué ça pour rien au monde.

La petite ville de Uyuni, construite en plein désert à plus de 3600m d’altitude est le point de départ des circuits dans la région. Après une nuit de bus, nous voilà arrivés dans cette ville-fantôme – on est en basse saison touristique, accueilli par le vent glacial balayant les rues de sable. Les Boliviens parlent de cette ville en énonçant les mots « harto frio » – froid extrême. Brrr. D’ailleurs n’y vivent là-bas que les Boliviens employés dans les deux sources principales de revenus de la ville : l’activité minière et le tourisme. La région regorge de minerais, et notamment la plus grande réserve au monde de lithium, qui sert à fabriquer nos Ipod et les voitures électriques du futur. Donc la Bolivie détiendrait ici la clé d’un avenir viable et écologique, mais à quel prix en termes d’exploitation et destruction environnementale puisque cette réserve se trouve six pieds sous le lac de sel, le salar de Uyuni. Une immensité lactée, à préserver au vu de son incroyable beauté.

Quant au tourisme, pas de doute, la région a du potentiel et en haute saison, une diligence de 4X4 parcourent les routes sinueuses et chaotiques de la région.

Nous faisons notre choix de circuit. 3 jours jusqu’à l’extrémité de la pointe sud à la frontière chilienne. On attend impatiemment le départ !

Le premier jour est consacré au salar de Uyuni. Après une visite rapide d’une gare abandonnée devenue une « plaine de jeux pour touristes », et la visite d’une fabrique de briques en sel, nous arrivons au salar. Seulement à quelques kilomètres de la ville, la plus grande réserve de sel au monde s’étend à perte de vue. Le blanc éclatant et aveuglant brille sous les rayons du soleil. Il a plu ces derniers temps, il est donc quelque peu inondé, ce qui nous fait même perdre la notion d’horizon. On est dans une autre dimension ! Nous jouons avec les effets de perspective et admirons cette étendue infinie, les pieds nus sur ce sol brillant et craquant. Le sel s’accroche à nos vêtements à notre peau. Impossible d’y échapper. Nous nous rendons alors sur l’île Incahuasi, en fait un sommet habité par des cactus géants, mais qui ressemble plus à un îlot perdu au milieu d’une mer laiteuse. La vue y est spectaculaire. On y est bousculé par des bourrasques de vent impressionnantes, qui tirent leurs forces du peu d’obstacles que leur offre ce grand espace nu et désolé. Le soleil fatigué, disparaît derrière des sommets enneigés. Il se reflète dans l’eau à nos pieds. On observe ce beau spectacle et on est bien contents d’être là ! Avec tout le groupe, nous rejoignons alors « la terre ferme » pour aller à notre hôtel, où nous attendent de bons lits douillets.

Réveil matinal pour notre deuxième journée dans le sud-ouest bolivien ! Un petit thé, une douche – enfin non on change d’avis l’eau est glacée – et en route ! Après quelques minutes de route, nous atteignons la belle région Los Lipez d’où nous pouvons admirer les dômes coiffés de neige de volcans culminants à près de 6000m. Un de ces derniers fume encore… Ce que nous retenons de ces points de vue, c’est un calme assourdissant :-). Il n’y a rien, à part le vent pour faire du bruit. Nous poursuivons notre route, nous écoutons de la musique et papotons avec nos compagnons de 4X4. Et après une longue piste cahoteuse, perdue dans ces steppes, une lagune calme et paisible, au milieu d’une nature sauvage. Quelques flamants roses prennent leur lunch à quelques mètres de nous. Nous les imitons tout en continuant à les observer se chamailler, barboter ou déployer leurs ailes rosées majestueuses. On ne sait que faire de la centaine de photos que l’on a pris à cet endroit magique :-). On continue notre route, vers une autre lagune, bien plus grande, aux couleurs blanchâtres. Suivra encore une autre. Mais toutes sont différentes et provoquent des émotions diverses chez tout le monde. Pour nous deux, ça sera cette dernière la plus hypnotisante. D’un bleu pâle, entourée de roseaux et de végétation, appréciée par les flamants roses et les lamas, nous aurions pu y rester des heures. Et ce calme… Cette lagune est comme un jardin secret, on a envie de se lover dans les dunes et ne penser à rien, juste être là… Après avoir serpenté quelques kilomètres, nous changeons totalement de paysage. Nous voilà dans un désert de sable. Rien que de l’ocre et du brun à l’horizon. On est au point culminant de notre journée : 4700m, et un record pour nous deux ! Un peu plus loin, un champ de pierres aux formes originales, taillées par le vent et les années. En fin de journée, nous arrivons à l’entrée d’un gigantesque parc naturel, qui contient l’une des lagunes les plus surréalistes que l’on a pu voir : la laguna colorado. Les algues et planctons qui prospèrent dans ces eaux riches en minerais lui donne une couleur rouge inattendue. De nouveaux des bandes de flamands roses barbotent et marchent en crabe lorsqu’une bourrasque de vent les perturbe dans leur repas. Il est difficile de tenir plus que quelques minutes à cet endroit, il y fait particulièrement froid, nous rejoignons donc la voiture rapidement pour arriver à notre logement pour la nuit, aménagé dans un petit village touristique sombre et tristounet. Personne d’autre ne vit dans ces contrées. Un petit thé nous y attend, une bonne occasion pour jouer aux cartes avec le groupe. A 21H30, tout le monde au dodo après avoir été observé le ciel étoilé de cette région isolée, le générateur d’électricité a sommeil aussi ! :-)

Quelques heures plus tard, nous voilà debout, vaillants – ou pas. Il est 5H et nous partons découvrir les geysers, qui sont des mares de boue bouillonnantes, fumant et sentant une odeur carrément nauséabonde. Attention à vos pieds, il en existe des minis à peine visibles à l’oeil nu qui fument en silence :-). Il est impressionnant de constater l’activité qui se passe sous nos pieds à une telle altitude. Après la fumée, certains voyageurs veulent effectuer une brasse dans un petit bassin d’eaux chaudes naturelles. Brr quelle idée, il faut en ressortir et cela n’est pas possible pour nous à 6h00 du matin, le soleil toujours caché derrière les nuages. On observe alors un troupeau de lamas curieux qui passait par là. Nous continuons notre périple et nous arrêtons sur une route de sable où le Paris-Dakar serait passé. Nous ne voyons pas d’un très bon oeil ce type d’événements dans des lieux si magiques et surréalistes. Faites gaffe quand même ! Notre dernière étape, à quelques kilomètres du Chili, est la laguna verde, dont les eaux bleu-vertes écarlates font rêver. Un volcan la surplombe et quelques nuages courageux restent accrochés au sommet, comme une perruque. On fera une dernière photo de groupe et nous voilà embarqués vers de nouvelles aventures chiliennes. Mais après 3 jours intenses comme nous venons de vivre, il nous faut quelques minutes pour percuter… Cette richesse naturelle nous a apporté beaucoup d’émerveillement et de sérénité. On croise les doigts pour que les visiteurs et leurs guides soient assez respectueux et la protègent chaque jour un peu plus…

Biz tout le monde !

 

Un séjour chez les singes (ep 2)

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Les premières journées sont également rythmées par la prise d’un médicament anti-parasite, précieux sésame qui nous permettra d’entrer en contact avec les signes, les stars incontestées du refuge. C’est aussi durant les premiers jours que nous apprenons que parmi les volontaires ne restant qu’une courte période, seuls les hommes pourront peut-être avoir la chance de travailler avec les singes, les femmes étant perçues comme le sexe faible et les rendant plus agressifs. Leur passé explique cela également : du temps où ils étaient gardés (et maltraités) comme animaux de compagnie, c’était la plupart du temps des femmes, restant à la maison, avec qui ils passaient tout leur temps. Nous comprenons la raison et l’acceptons, mais regrettons beaucoup de ne pas avoir été mis au courant au moment de l’inscription. Beaucoup de singes se baladent en fait dans tout le refuge et nous pouvons entrer en contact avec beaucoup d’entre eux un peu partout. Néanmoins, il y a deux zones un peu plus spéciales : l’ancienne piscine du lodge et le territoire des capucins. La piscine nous est accessible avec quelqu’un d’expérimenté et sous certaines conditions, tandis que le territoire des capucins, n’est accessible qu’aux volontaires masculins sélectionnés pour y travailler. Il est cependant possible aux filles d’y aller mais sous bonne escorte expérimentée et masculine.

Après quelques jours, le fameux compte à rebours se termine et nous pouvons enfin entrer en contact avec les singes. Grâce à Gen, l’adorable québécoise qui a déjà passé plusieurs mois au refuge comme maman-singe (un programme pour les filles qui souhaitent jouer le rôle d’une réelle maman pour un bébé singe), nous parvenons à passer pas mal de moments près de la piscine, zone favorite des singes. Etant fraîchement arrivés, nous ne pouvons normalement nous rendre à cet endroit qu’en compagnie de quelqu’un d’expérimenté et Gen nous permet de l’accompagner et ainsi de faire connaissance avec Baloo, le singe hurleur, Bosque, le singe araignée et, notre préférée, Tormenta le capucin. Très intimidés au début, nous faisons connaissance avec eux et grâce aux précieux conseils de Gen, nous arrivons à nous faire accepter par certains d’entre eux. Adèle, qui, nous le rappelons, est de sexe féminin, s’en sort très bien et aucun des singes qui normalement réagissent plus agressivement à la venue d’une femelle sur leur territoire, ne lui montre une quelconque animosité. Ces précieux moments passés avec les singes, nous nous en souviendrons toujours, et nous en avons profité comme de réels instants magiques.

Nous avons aussi fait la connaissance de Romain, un Français qui bosse pour une ONG française pour un projet lié à la Senda Verde. Son projet a de multiples dimensions : offrir aux populations locales une alternative à la coca qui épuise les sols, les initier à l’apiculture, construire un barrage hydroélectrique pour alimenter ces populations en électricité (ainsi que le refuge), etc. Très sympa, il nous en apprend beaucoup sur la Senda.

On découvre aussi la tradition du samedi soir. Les Boliviens nous emmènent à Coroico dans un boliche, un endroit où on danse et on fait la fête. Nous nous lançons donc à l’attaque du dancefloor bolivien et nous passons une excellente soirée. Nous rentrons à une heure raisonnable et nous apprenons le lendemain que nous avons bien fait, une bagarre ayant éclaté à la fin de la soirée. Cela nous a permis de ramener un des vétos complètement bourré au refuge.

La seconde semaine, Jay accède au territoire des capucins. Très bien encadré par Rudy, le Bolivien chargé de ces charmantes petites bêtes, les cinq jours passés à travailler avec les singes les plus intelligents d’Amérique se passent super bien. Il faut en effet être très concentré et attentif à chaque bruit, réaction, cri. 63 capucins qui communiquent entre eux et qui forment un réel groupe hiérarchisé autour du mâle dominant (l’alpha), cela ne se traite pas à la légère. L’expérience est magique mais tellement frustrante du fait de devoir le vivre seul, sans Adèle. Nous nous arrangerons quand même pour lui organiser une visite guidée du territoire. C’est très impressionnant de les voir communiquer, de les voir jouer, de les voir s’imiter pour apprendre par exemple à utiliser une pierre pour casser la coque d’une noix.

En résumé, cette expérience était magique. Etre entourés de singes, de perroquets, de tortues, de coatis et d’autres animaux relève tout simplement du rêve. On a adoré passer ces moments avec Tormenta, Baloo, Bosque, Willy et Wilson, Volcan et tous les autres. Ces moments resteront gravés dans notre mémoire… La frustration demeure cependant sur le fait que nous n’ayons pas pu vivre cette aventure côte à côte. Pas du fait que les singes font une différence entre les sexes, ça nous pouvons le comprendre, mais nous aurions aimé en être informés avant. On devine la raison pour laquelle ils ne donnent pas cette info, beaucoup moins de volontaires féminines viendraient à la Senda, mais comme disaient les Inconnus, cela ne nous regarde pas ;-)

 

Un séjour chez les singes (ep 1)

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Un séjour chez les singes de Adèle et Jay que vous pouvez retrouver sur Vimeo

Nous avions envie de poser nos sacs et de participer à un projet de volontariat en Bolivie. Quelques recherches sur internet et nous voilà partis pour la Senda Verde, refuge animalier à 3h de La Paz. Venant directement de Sucre, nous ne prenons pas le temps de nous poser dans la capitale et nous prenons directement la route pour Coroico, le village situé à côté du refuge. Le trajet passe vite, les paysages défilent, superbes… On croise quelques touristes partis affronter la route de la mort tandis que nous prenons la nouvelle route, plus safe…

Nous arrivons enfin à une rivière en pleine jungle où le minibus nous arrête. Un grand panneau Senda Verde nous indique que nous sommes au bon endroit.

Nous rentrons alors dans un endroit hors du temps. Sur le chemin menant au centre du refuge, nous apercevons de loin quelques singes noirs et de grands perroquets dignes des films de pirates. Malgré l’accueil plutôt désagréable que nous réserve une gamine de 19 ans sensée nous accueillir (le coordinateur a du se rendre d’urgence à La Paz), nous faisons vite connaissance avec les autres volontaires qui sont, eux, très chaleureux et intarissables de conseils. L’endroit fait rêver, des animaux se baladent partout, on se sent perdus en pleine jungle… Nous nous installons dans ce qui sera notre nid pour 2 semaines, un dortoir de 6 personnes dans la zone de quarantaine, la zone d’accueil des nouveaux animaux. Nous faisons vite connaissance avec John, dit Jean d’Australie, arrivé il y a quelques jours, Louis, un jeune allemand, Leeane et Sam, les deux anglaises lovely, et Curtis, l’américain de Boston, et les autres volontaires déjà présents à la Senda. On fait aussi la connaissance avec Andy le coordinateur un peu punk mais super gentil. Nous découvrons assez vite le principe du refuge : les anciens volontaires (dont certains ne sont là que depuis quelques jours) apprennent aux nouveaux, Andy le coordinateur supervisant le tout. Notre séjour sera donc placé sous le signe d’une très grande liberté, et même si nous nous sommes sentis un peu perdus au début, cette liberté de mouvement nous a apporté pas mal d’avantages (comme par exemple, s’arranger pour aller passer du temps avec les singes durant notre temps libre).

Les premiers jours, nous commençons le programme de rotation qui comprend le travail avec les tortues, les oiseaux et la quarantaine. Notre travail consiste à apporter la nourriture à tout ce petit monde et à nettoyer leurs cages. Nous devons aussi noter toutes les observations qui nous paraissent judicieuses. Le travail avec les animaux, même les très sales oiseaux ;-) nous plait beaucoup ! Tous ces animaux ont été sauvés du marché noir bolivien et ont pour la plupart un passé plutôt sombre et triste.

Le travail à la Quarantaine est intéressant, les animaux y sont très attachants. Le coati fou d’oeufs nous fait beaucoup rire. Parrot le perroquet nous grimpe sur les épaules et nous parle pendant que nous nous occupons des autres. Dave, le perroquet terrorisé et Mister Bean le bavard nous attendrissent. Nous trouvons une technique avec un balai pour éviter que les martres ne nous grimpent dessus.

Le boulot avec les oiseaux est aussi chouette. Nous avons chacun assez vite un préféré (celui de Jay est Crazy et vient toujours sur l’épaule de celui qui est dans la cage et celui d’Adèle est Parrot qui sera transféré de la zone de quarantaine à la zone des oiseaux) ! C’est tout de même le boulot le plus salissant et nos chemises de volontaires nous sont d’un grand secours. Nous devons trouver une technique pour ne pas nous faire attaquer par Mister Hyde, énorme perroquet qui a tendance à attaquer. On pense que Hitchcock a trouvé son inspiration dans cette cage pour son fameux film « les oiseaux ».

Les tortues sont toutes mignonnes (pas dans le sens de la taille, certaines sont vraiment énormes). Le boulot consiste à distribuer la nourriture à différents endroits et d’y amener chacune d’entre elles pour être certains qu’elles mangent.

Notre petit groupe de nouveaux arrivés amène une bonne ambiance et un nouveau souffle à la dynamique du groupe de volontaires. Nous nous arrangeons ainsi pour faire notre part du travail mais dès que nous avons terminé pour rejoindre d’autres volontaires et les aider dans leur tache. Ainsi un jour où nous étions sensés travailler avec les tortues, nous finissons par travailler aussi avec les oiseaux, les animaux de la quarantaine et même les deux ours à lunette du refuge. Les journées nous paraissent ainsi plus remplies et plus intéressantes.

(Suite à l’épisode 2 !)

La Paz en un coup d’oeil

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La capitale bolivienne est majestueuse lorsqu’on l’aperçoit de loin. La majeure partie de la ville s’étend dans une vallée à 4000m d’altitude. Autour des constructions s’agrippent aux versants abruptes du canyon pour venir s’étaler jusqu’au sommet.

Il faut aller au coeur de la ville pour la vivre réellement. Marchés survoltés et bondés, trafic dense et pollution, boutiques à souvenirs, sorcières proposant leurs services, des températures qui peuvent chuter sous 0°C. C’est une ville tellement étrange et oppressante qu’il nous a fallu venir deux fois avant de l’apprécier.

Une fois que l’on connaît le centre historique, il devient agréable de parcourir ses ruelles escarpées, d’écouter le carillon de la cathédrale toutes les heures, de déambuler dans les marchés et centres commerciaux au coude à coude avec la population. Nous y avons passé de supers moments avec des voyageurs rencontrés en Bolivie. Mais l’altitude et le manque de sécurité nous ont poussé vers de nouveaux horizons. En effet, à 4000m, nous avons ressenti les effets néfastes de l’altitude pour la première fois de notre vie et ce n’est pas très agréable : souffle court, maux de tête,… Un vrai plaisir ! De plus, nous ne nous sentions pas autant en sécurité et à l’aise que dans d’autres villes car La Paz connaît un important taux de vols et de délinquance, surtout envers les touristes. C’est pour cette raison que nous n’avons que peu de photos, nous avons préféré laissé notre appareil en sécurité plutôt que d’attirer l’attention dans la rue. Ainsi, après quelques jours, nous avons décidé de nous envoler – en bus :-) – vers le sud du pays, en gardant en tête le souvenir d’une capitale bien singulière…

Joyeuses fêtes à la bolivienne

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Joyeux Noël et bonne année à tous !

On espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’année avec vos familles et amis.

De notre côté, pour la première fois, nous étions loin de vous en cette période festive. Cela nous faisait quand même bizarre, car il n’y a rien à faire, les traditions et les habitudes on a du mal à s’en défaire ! On rêvait de découper la dinde à vos côtés et de vous faire un kiss aux 12 coups de minuit. Mais être à l’autre bout du monde durant cette période cela nous a permis de redécouvrir et de vivre les fêtes autrement.

Pour Noël, nous étions à Copacabana, près du lac Titicaca. Cela faisait déjà plusieurs semaines que l’on voyait des sapins scintiller un peu partout et les crèches pousser comme des champignons dans les restaurants et hôtels. Le jour de Noël est très important, très symbolique pour les Boliviens. Il y a énormément d’animation dans les rues. A minuit, tout le monde se rejoint à la messe. Plus un chat dans la rue. Ensuite, les familles se retrouvent pour boire un chocolat chaud, partager un repas et souvent regarder des feux d’artifices. C’est seulement le 25 décembre qu’ils mangent la dinde.

De notre côté, le JJ, après un skype compliqué avec les familles – il faut dire qu’on était loin d’être les seuls à avoir la même idée – nous avons été souper dans un restaurant, histoire de marquer le coup. Ensuite nous avons rejoins Stijn et Helen, deux belges rencontrés quelques jours avant, afin de fêter cela ensemble. Nous avons assisté à des animations de rues organisées par la mairie : spectacles de danse des enfants, jeux et distribution de cadeaux. Après cela, les rues se sont vidées, direction l’église. Nous avons alors décidé d’aller boire quelques bières pour célébrer Navidad ensemble :-). Dans la ville, que des touristes, tous les boliviens étaient en famille, probablement devant leurs tasses de chocolat chaud :-).

Pour le Nouvel an, le passage en 2015, nous étions dans la ville de Sucre, en Bolivie. Nous l’avons fêté avec la jeunesse dorée de la ville et d’autres touristes dans un café sous des airs latinos. C’était assez amusant ! Avant cela, nous étions allés dans un restaurant-bar que nous aimions particulièrement – 13m de bar où s’alignent les clients, très sympa. Mais on s’est vite rendu compte ce soir là que tous les expatriés hollandais de la ville s’étaient donné rendez-vous ici. Ah ben oui le patron est hollandais. Nous avons filé et heureusement car on présume qu’ils ont parlé néerlandais et chanté des refrains de chez eux toute la nuit. C’est intéressant de voir comme la population expatriée n’est pas du tout mélangée aux locaux. C’est comme une petite bulle dans un autre monde. Sur la place principale, il y avait pas mal d’animation et de gens. Petits concerts, feux d’artifice… Mais on a bien fait aussi de filer car on a appris le lendemain qu’à 7h ils étaient encore là, à se battre et dormir dans les parterres. Il faut dire que les boliviens savent faire la fête ! Peu de demi-mesure ! Quand nous sommes sortis dans les rues en fin de matinée le lendemain, quelques bourrés, une bière fraîche à la main et le regard vitreux, ont failli nous bousculer voire tomber dans nos bras. Sur la place et dans les parcs, on a pu voir un nombre impressionnant de cadavres – des bouteilles bien sûr ! Mais ce qui nous a surtout marqué, c’est l’odeur âcre dans les rues. Pour la première fois depuis notre arrivée, on a espéré voir venir une pluie diluvienne !

Ces deux fêtes nous en ont appris énormément sur les traditions et la société bolivienne. La famille reste au coeur de la vie quotidienne, ainsi que la religion. On observe aussi une difficile séparation entre les populations d’origine ethnique différente (indien et bolivien « blanc ») ainsi qu’entre les populations de rang social différent. Mais c’est aussi lors de ces fêtes que l’on a pu cerner encore une fois nos différences culturelles et sociales mais aussi nos ressemblances. On est au bout du monde et pourtant, on peut partager et retrouver un peu de notre chez nous.

Merci à tous pour vos photos et vidéos qui nous ont donné l’impression de vivre ces moments près de vous !

Joyeuses fêtes de Adèle et Jay que vous pouvez retrouver sur Vimeo

Farniente à Sucre

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Après quelques semaines intensives de voyage, nous avions envie de nous poser à un endroit et de ne pas vivre dans nos bagages pendant quelques jours. Nous n’avons pas hésité une seconde sur la destination : la ville bolivienne de Sucre (prononcez Sucré). Calme et pimpante, jauchée dans une cuvette entourée de collines, nous n’avions qu’une hâte : y arriver.

Dès la première journée, nous n’avons pas été déçus. Un climat plus doux nous a permis d’oublier le polar à l’hôtel et de profiter des parcs et de longues balades dans les ruelles. Un contrôle urbanistique strict donne à la ville un cachet incroyable : toute de blanc vêtue, rues en pavés, églises sur fond montagneux… La ville est inscrite au patrimoine de l’Unesco, et on comprend pourquoi. Après une expédition de 2h à la recherche de l’hôtel parfait, nous avons trouvé la perle rare. Petit jardin, cuisine, colibris dans les arbres, routards sympas… La ville regorge également d’innombrables petits restaurants : bonnes empanadas au poulet, jus de fruits… Sans oublier que nous avons fait la rencontre de Yves et de sa famille qui est – attention accrochez-vous – l’oncle de la copine du frère d’Adèle :-) . Ce dernier nous a si bien accueilli ! Nous avons aimé déguster son steak au poivre juste amazing et discuter de la Belgique et de la Bolivie.

Oui on sait on vous vend du rêve… Mais c’était vraiment une semaine relax. Nous avons pris le temps de bouquiner, de nous balader, de bien manger, de parcourir les allées du marché animé… Lorsque l’on voyage pour une longue période on essaye toujours de s’arrêter, de se reposer et de profiter d’un endroit .Ce que nous aimons le plus c’est rester assez longtemps au point d’avoir des petites habitudes quotidiennes :-)

Mais Sucre était également une destination qui nous attirait car elle est le véritable berceau de la Bolivie. C’est ici même que l’indépendance du pays a été déclarée et signée. Sucre est comme le coeur de la nation bolivienne.

Nous avons donc été visité la Casa de la Liberdad, lieu où fut signée l’indépendance en 1825 et aussi où se tenu le premier Congrès. Nous avons pu observer la déclaration officielle et y voir toutes les signatures. Nous en avons également beaucoup appris sur les personnalités impliquées dans cet événement majeur et sur toute la lutte qui l’a précédé. On retient bien sûr Bolivar, le révolutionnaire qui a permis à de nombreux pays d’Amérique du Sud de se détacher de l’Espagne colonial. Le mot « Bolivie » est clairement inspiré de son nom. Dans une salle, on trouve tous les portraits des présidents boliviens. Il y en a eu un nombre impressionnant en deux siècles. Certains d’entre eux n’ont pas été capables de garder le pouvoir plus de quelques jours tandis que d’autres ont été de vrais tyrans. Nous plaignons les élèves boliviens pour leur cours d’histoire ! Le dernier portrait était bien sûr celui d’Evo Morales, l’actuel président et premier indien à accéder à une telle place en Bolivie.

On pense à vous ! En avant pour d’autres aventures !

Au bord du lac Titicaca

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Nous y voici donc enfin, ce lieu tant attendu, la petite ville de Copacabana au bord de ce lac mythique et glacial. On est loin de Copacabana, la plage brésilienne où il fait bon se baigner !

Le lac Titicaca s’étend sur des kilomètres à 3600m d’altitude, défiant les frontières péruviennes et boliviennes. Endroit de légende, les Incas prétendent que le soleil y serait né, ainsi que sa soeurette la lune.

Nous on les comprend les Incas, il y règne une certaine sérénité, les couleurs vives des paysages semblent sorties d’une peinture toute fraîche, l’air sent bon le romarin et on a l’impression de pouvoir respirer à pleins poumons. Copa est un gros village perdu dans les collines rases et jaunies par le soleil. Sur le flan des collines, des terrasses ont été façonnées par les Incas. Au loin, des petites îles parsèment le lac d’un bleu profond. Dans la ville calme, une petite place, une grande cathédrale, des échoppes pour les touristes, un petite plage où jouent les familles. Rien de plus.

Notre hôtel se trouve sur la petite plage. Chaque matin, on aperçoit le reflet des nuages dans l’eau du lac. On sent les rayons du soleil chauffer à travers les vitres et on voit les voyageurs revenir d’excursion avec des coups de soleil. Pourtant dehors, une fois à l’ombre, il fait plutôt frais. La spécialité ici est la « truite arc-en-ciel ». La truite a été introduite dans la région il y a de nombreuses années et est devenu un plat de choix. On a goûté et verdict, c’est très bon !

Et si on partait une journée parcourir l’Isla del Sol ?

Nous prenons un petit bateau, lent, très lent pour atteindre cette dernière et découvrir toute sa magie qui donna naissance aux croyances incas. Assez petite, il est possible de traverser l’île entièrement à pied en une journée. En compagnie de nos amis les belges, nous prenons le sentier sur la crête de l’île et entamons une petite randonnée qui nous en mettra plein la vue. Le mariage des couleurs, la quiétude de l’eau, l’infini du lac, les pins alignés sur les reliefs de l’île, les dégradés de vert sur les versants, les odeurs de forêt… Un moment de bonheur dont on a bien profité ! L’île n’a pas perdu son charme et n’est pas totalement surfaite, on reste époustouflés par la force de la nature qui se dégage de cet endroit, même si les nombreux check-points payants sur le sentier nous montre qu’on est loin d’être en terre inconnue:-)…

Quand le tourisme nous égare

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Envie de soleil et d’altitude ? Envie d’escapade au bord d’un lac bleu profond ? Envie de déguster une truite en terrasse ou de faire une balade sur l’eau à bord d’un pédalo en forme de cygne ?

Suivez-nous, on part à Copacabana, en Bolivie, au bord du lac Titicaca !

Pour nous y rendre, d’abord deux étapes importantes : passer la frontière bolivienne et atteindre la ville de Copacabana. Cela semble simple, à première vue…

Revenons quelques jours en arrière. Nous voici à la gare routière de Cusco, au Pérou à la recherche d’un bus pour Copacabana. Une agence nous propose quelque chose d’intéressant, de safe, de rapide et même si l’accueil est un peu froid et désintéressé – la vendeuse est sur Facebook – nous persévérons. On lui demande plus de détails sur comment va vraiment se passer le passage de la frontière. Son histoire nous semble un peu floue/bizarre : après le passage de la frontière, un autre bus/taxi/voiture de la compagnie – on a toujours pas compris, va nous prendre et nous amener à Copacabana tandis que le bus continuera vers la Paz, la capitale bolivienne. Bon, c’est un peu bizarre mais ça devrait aller. On reçoit nos tickets, en route !

On s’assied et on patiente au quai indiqué. Soudain, un bus d’une autre compagnie vient gentiment s’y garer. Pas de quoi s’alarmer, on est au Pérou, soyons flexibles et réactifs, notre bus doit bien être quelque part d’autre. Mais rien… On finit par demander à quelqu’un qui nous montre le même bus sagement posé au quai 10. On reregarde nos tickets. C’est pas vrai ! Elle nous a vendu des tickets de bus d’une compagnie X au bureau de l’agence Y. On réfléchit, on regarde la tête du bus. Bon, ok finalement ça ne change pas grand-chose.

Le chauffeur range les bagages dans la soute. Il crie : « les bagages La Paz d’abord ! Copa après ! » On donne nos bagages, monte dans le bus et là… Quelqu’un est assis sur un de nos sièges. On regarde nos tickets avec le passager, il a le même numéro de siège que nous… Un voyageur australien monte et nous regarde en rigolant, il a le même numéro aussi. Le siège 13 a été vendu à 3 personnes différentes. Bon, pas grave, on choisit d’autres sièges, on verra si d’autres passagers arrivent. Mais c’est le bordel partout ailleurs. Le « steward » ne sait plus où donner de la tête, sue et se trouve au niveau 10 de l’échelle stress. Des groupes sont séparés, certains refusent de bouger… On rigole avec l’australien à côté de nous, notre 3ème numéro 13 :-). Après de longues minutes, tout le monde est assis, on peut démarrer.

On se réveille avec une vue sur le lac Titicaca côté péruvien. Nous voilà arrivés près de la frontière. On demande comment cela va se passer pour Copa. Les responsables nous disent « On vous expliquera, on vous expliquera » et se montrent de plus en plus impatients et agressifs et nous poussent aux postes-frontière. On ne comprend pas bien leur attitude, mais on met cela sur le compte de la fatigue et de la longue attente qui nous attend à la frontière…

Etape 1 : Aller au poste-frontière péruvien pour obtenir le cachet de sortie du Pérou. On papote avec Stijn et Ellen, les belges. Une heure plus tard, on a notre cachet. Bye bye Pérou.

Etape 2 : Passer la frontière et obtenir le cachet d’entrée bolivien. Alors là c’est pas de la tarte, on voit une énorme file, et à un endroit, un magma de gens. En fait, il faut faire d’abord une file coupant l’autre pour obtenir un papier à remplir avant de rejoindre l’autre. Cette dernière n’en finit plus. On voit un voyageur de notre bus ayant juste pris la peine de mettre des tongs sur ses chaussettes. Il fait boueux et il pleut. Il nous regarde d’un air dépité, cela va être long ! On finit par arriver dans les bureaux d’immigration. Ils attrapent nos passeports, bam bam, un cachet, deux cachets, ils ont à peine levé les yeux vers nous que c’est réglé. (Les Américains ont fait la même file que nous mais sont sortis du bureau avec 150$ en moins dans leur poche…)

Nous voici donc parés. Nous retrouvons le bus et demandons où se trouve notre véhicule pour le lac Titicaca. Ils nous regardent et disent : « Il n’y en a pas. Nous allons à la Paz ». Pris par surprise on montre nos tickets : « Mais on a payé un billet pour Copa ». Et c’est leur réponse qui nous a scié : «  Ce n’est pas notre problème, le bus a passé la frontière, pour Copa il faudrait faire demi-tour et c’est plus possible ». Au début, tu crois à une blague, mais les mésaventures de la veille nous ont vite ramené à la réalité : pour remplir leur bus, ils ont délibérément vendu quelque chose qui n’existait pas. C’est dans ce genre de moments que tu sens la différence entre toutes les petites embrouilles dues à une organisation aléatoire ou à des incompréhensions culturelles, et l’arnaque. Nous nous efforçons de toujours garder la tête froide et le sourire aux lèvres mais ce genre de situation est plus difficile à accepter. Nous nous sommes donc montrés fermes et avons essayé d’obtenir ce que nous voulions et ce pourquoi nous avions signé. Bon, il était clairement trop tard pour retourner vers Copa qui était derrière nous, mais au moins, les responsables du bus se sont sentis obligés de trouver une solution. Alors ils nous ont proposé de nous payer un bus de la Paz pour Copa. Ok on a pas trop le choix de toute façon. C’était absurde, nous allions rouler 3h vers l’est pour atteindre la capitale et puis refaire 4h de route dans l’autre sens pour revenir vers le lac. Cela allait nous prendre toute la journée pour atteindre Copa. Et dans quel bus allaient-ils nous fourrer ? S’ils le faisaient réellement…

Arrivés à La Paz, ils nous ont payé un ticket de bus à tous les 4 (les deux belges nous accompagnent pour cette aventure) pour partir directement dans l’autre sens. Après nous être assurés que la solution nous convenait, nous avons accepté de monter dans le nouveau bus. Nous nous sommes retournés pour donner notre décision aux responsables de la compagnie et leur dire au revoir, mais ils avaient déjà filé…

Tout est bien qui finit bien, le soir nous regardions le coucher de soleil à Copa.

Bon vous allez nous dire, c’est bon vous avez un an, et c’est vrai on est pas à quelques heures près. Mais c’est être pris pour un pigeon qui n’est pas toujours une position facile quand on voyage. En voyageant, on accepte de payer plus cher que les locaux, on accepte de les voir rigoler face à nos questions, on accepte cette image de touriste qui nous colle à la peau malgré nous. C’est inévitable et c’est le prix pour des rencontres inoubliables et de belles découvertes. Mais lorsque l’on se sent pris au piège dans une véritable arnaque organisée et consciente, c’est plus difficile à gérer. C’était la première fois que cela nous arrivait depuis le début de nos aventures et que nous avons dû dépasser notre énervement et notre frustration. Voyager nous apprend aussi que ce n’est pas toujours qu’ouverture et joie d’apprendre à se connaître. Le tourisme est aussi un business et une manne à $ importante, d’où certains travers au milieu desquels on peut se retrouver coincé. Etre conscient de cela, c’est voyager plus responsable et être capable de nuancer ses propos. Et c’est surtout s’en rendre compte qui permet de toucher à l’incroyable complexité du monde dans lequel nous vivons.

Enfin, on philosophe, on philosophe, mais revenons plutôt à nos aventures…