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Impressions sur notre aventure chinoise…

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Bienvenue sur la planète Chine. Après 6 semaines passées dans ce pays et à Hong Kong, on en a appris des choses sur leur culture !

La Chine a été notre plus grand choc culturel. Le plus intéressant, le plus rebondissant mais aussi le plus fatiguant !

Il faut d’abord se mettre en condition : la Chine a une longue histoire de pays du Milieu, en constante différenciation avec l’extérieur et les autres puissances et forces barbares. Le résultat aujourd’hui est que la Chine a une culture propre aux mille et une facettes et richesses. Bien sûr avec l’ouverture à l’économie mondiale, il y a des mélanges mais on perçoit derrière toutes ces découvertes des millénaires d’une grande civilisation. Tout cela nous échappe au départ : les dynasties Qing, les empereurs, les dragons du Nouvel An chinois, le rouge comme porte-bonheur, le taoïsme et ses temples colorés, cette calligraphie délicate qu’on ne comprend pas, ce projet fou de grande Muraille… Il y a là tout un monde à découvrir et à apprendre à connaître. On a apprécié découvrir ces siècles d’Empire, ces moments de grandeur ou de décadence, cette Chine actuelle si complexe à déchiffrer… A chaque instant, un voyage en Chine c’est goûter aux subtilités et aux mystères de ce pays et jouer au Professeur Langdon pour déchiffrer ses codes !

Les chinois sont individualistes. Après quelques jours passés en Chine, nous avions déjà eu cette réflexion sur le fait qu’ils avaient l’air de vivre dans des bulles, sans trop se soucier des autres. Cette impression s’est confirmée tout au long de notre séjour. Les chinois privilégient leurs besoins et agissent selon leurs envies propres. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils sont égoïstes, qui est un terme péjoratif. Ils envisagent tout simplement leur société d’une certaine manière : la liberté de l’individu prime sur le groupe. Ainsi, dans la rue, les passants te bousculeront s’ils sont pressés ou bien feront tout ce qui est en leur pouvoir pour obtenir le dernier siège dans le bus. Nous n’y sommes pas du tout habitués en Belgique. Nous avions parfois envie de réagir pour montrer à la personne qu’elle nous avait quand même marché sur le pied, mais nous avons observé que personne ne bronche, personne ne dit jamais rien dans les bousculades ou les dépassements de files. Cela se fait. Pas question de s’excuser non plus, cela est clairement lié à notre culture à nous. Ici, s’excuser, c’est montrer trop d’importance à l’autre, c’est se montrer perdant. Donc laissez-vous marcher sur les pieds et ne demander pas d’excuses, vous n’aurez pas de problèmes et serez presque intégré ! Pas évident pour nous, hein !

C’est suite à cette réflexion sur l’individualisme que nous avons pu mieux cerner notre impression que les chinois ne respectaient que peu le bien commun, les espaces publics. En effet, nous avons vu des bébés dans les bras de leurs mères se soulager sur les trottoirs et dans les centres commerciaux, des habitants littéralement ravager une table de restaurant avec leurs déchets et partir en laissant tout comme cela, aussi efficacement qu’une tornade. Nous avons pu observer aussi de nombreuses personnes cracher au sol, ou bien rouler à contre-sens ou bloquer la circulation pour passer dans une ruelle… Tellement d’exemples… Maintenant tout s’éclaircit : chacun sa route, chacun son chemin…

Ce qui nous a aussi fort intéressé mais aussi choqué à certains moments, c’est de voir comment se passe la vie dans une « dictature par le peuple ». Et oui, c’est comme cela que les autorités chinoises définissent avec beaucoup d’ironie leur système politique. Et ça n’a pas l’air d’être drôle tous les jours. Nous vous l’avons déjà un peu raconté quand nous vous décrivions la parade ou la grande muraille électronique. En fait, pour faire simple, on peut résumer l’équilibre sur lequel se fonde la société chinoise actuelle de cette manière : Nous, autorités chinoises vous assurons une croissance et une prospérité économique et en échange, vous, peuple chinois, ne vous mêlez pas de politique ou de démocratie. Le problème des autorités chinoises est que leur part du marché devient de plus en plus difficile à tenir. Les signes de pauvreté se développent et les Chinois s’étonnent qu’il y ait de plus en plus de chômeurs ou de mendiants dans les villes. Et les prévisions économiques (pour ce qu’elles valent…) ne sont pas hyper optimistes. Difficile aussi de contenir une information qui se propage très vite, même si on contrôle la plupart des canaux de diffusion (on l’a vécu avec la catastrophe de Tianjin, l’immense explosion que vous avez peut-être vue à la TV). Difficile donc d’éviter entièrement qu’un jeune Chinois ne trouve un moyen différent des sites autorisés pour s’informer. Nous l’avons souvent entendu en discutant avec des Chinois : beaucoup d’entre eux sont soit préoccupés, soit pas contents. Ils nous ont expliqué que la belle époque du communisme où tout était pris en charge, de la médecine à l’éducation en passant par le logement, est révolue. Aujourd’hui, on paie presque tout et au prix fort. Une certaine gratuité existe sans doute encore mais elle est loin de suffire à la classe moyenne (le fossé entre la classe moyenne et ceux qui se trouvent juste en-dessous est immense en Chine…). Nous avons énormément appris en observant cette société en pleine mutation (beaucoup de Chinois quittent la campagne pour s’entasser dans des immenses immeubles en ville, c’est d’ailleurs très impressionnant à voir). Parce que finalement, on parle beaucoup de la Chine mais on n’en connait pas grand-chose.

Au final, ce qui nous aura le plus frappé lors de cette partie de notre voyage, c’est l’impression de visiter un monde parallèle. Cet isolement organisé est réellement très impressionnant dans une époque où tout et tout le monde est interconnecté. Et puis on découvre un monde à part, une culture très riche, une gastronomie bien plus complexe que nos restos chinois en Belgique, une façon de vivre tellement différente de la nôtre… Vraiment, ce passage de frontière, c’est comme entrer dans une autre dimension.

Passer la frontière à l’arrache…

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Après un mois et demi en Chine et à Hong Kong, il était temps de nous remettre en route en passant dans un autre pays. Et qui dit autre pays, dit frontière… Encore une fois, ce fut l’aventure.

De Pékin, le plan était d’entamer notre périple en Transsibérien, le train mythique qui va jusqu’aux portes de l’Europe, à Moscou. La seule solution facile que nous avions était de commander un ticket suuuuuper cher via une agence. En gros, plusieurs centaines d’euros pour passer de Chine en Mongolie. En bons aventuriers, nous avons voulu tenter l’alternative locale : bus jusqu’à la frontière puis passer la frontière et enfin attraper le train pour la capitale de Mongolie : Oulan-Bator.

Jour 1 : 11h.

L’aventure a donc commencé à l’auberge où un des jeunes employés a insisté pour nous conduire à la gare de bus, très excentrée. Il nous a avoué sur le chemin que c’était pour lui l’occasion de sortir un peu de l’auberge et de discuter avec nous. Nous sommes donc arrivés bien en avance (3h) à la gare. Jusque là pas d’obstacle. Le temps passe et le bus ne démarre pas. Le conducteur nous prend nos passeports et se balade pendant une heure avec eux (nous ne savons toujours pas pourquoi…). Nous papotons avec un Mongole qui tient un business de maillot de foot et qui fait régulièrement le passage entre les deux pays. Finalement, une fois le bus rempli à craquer de gros paquets de tissu, nous démarrons. Pas de chance, nous avons pris les places au fond du bus et donc tout près du moteur. Le pauvre, il n’est plus tout jeune et hurlera sa fatigue pendant tout le trajet… Un vrai plaisir.

Jour 2 : 9h.

Après une nuit assez mouvementée et quelques arrêts bouffe-toilettes (ça y est, on a vu leurs fameuses toilettes sans porte où tout le monde fait ses besoins ensemble…;-)), nous arrivons à la ville frontière. L’idée est de prendre une jeep (interdiction de franchir la frontière à pied) et de passer en Mongolie. Là, notre nouvel ami mongol nous conseille d’aller à un hôtel et d’attendre quelques heures que les jeeps commencent leurs aller-retours pour franchir la frontière. Le souci, c’est qu’il vaut mieux passer la frontière assez tôt pour pouvoir acheter l’un des derniers billets de train pour la capitale. En plus, il nous « négocie » un prix qui nous parait bien élevé, nous lui disons donc gentiment au revoir. Nous voilà donc à la sortie de la gare routière… et pas de trace de jeep. Nous avions lu que les conducteurs se rassemblaient à un endroit de la ville qui changeait régulièrement. Nous tentons de nous renseigner mais sans résultat. Finalement, un homme nous fait comprendre qu’il peut nous y conduire et nous fait monter dans un taxi qui nous conduit au lieu de rendez-vous : effectivement, des dizaines de jeeps bourrées de marchandises attendent un ou deux passagers pour rentabiliser le passage. Notre ami nous guide et négocie un prix avec plusieurs conducteurs. Il nous explique que tôt le matin, c’est plus cher. Finalement, il nous dégote une conductrice prête à partir pour un bon prix. Nous embarquons en remerciant mille fois notre ami (il nous a tout de même payé le taxi pour nous emmener au lieu de rendez-vous) !

Et c’est parti ! Il faut donc passer la douane chinoise pour quitter le pays puis la douane mongole pour y entrer. Pas grand monde à la douane chinoise, ouf. Nous déchantons vite en voyant le rythme auquel la file progresse. Un groupe de businessmen chinois fait ouvrir un nouveau guichet pour passer plus vite ; nous continuons à patienter (finalement, cela se retournera contre eux du côté mongole, où les gardes n’ont pas fort apprécié leur impatience et leur ont offert un contrôle poussé…). Une garde frontière demande de consulter nos visas et tire une drôle de tête. Le niveau de stress monte d’un cran. Elle appelle un de ses collègues qui parvient à nous expliquer que nous sommes restés trop longtemps en Chine… Petite explication : la Chine accorde officiellement 30 jours pour un visa touristique. Pour eux, cela veut dire un mois, donc parfois 31 jours. Mais nous avions souvent lu qu’ils considéraient que le mois était composé de journées de 24h. En résumé nous pouvions entrer le 8 août et sortir le 8 septembre. Nous avions été vérifier ce point à un bureau de l’immigration en Chine qui nous l’avait confirmé.

Retour à la frontière : l’employé nous explique que nous sommes un jour en retard… Nous savons ce que cela implique : grosse amende ! Nous tentons de leur expliquer que nous nous sommes renseignés et qu’on nous a donné de mauvaises infos… Le garde nous demande si nous comptons revenir en Chine. Nous répondons énergiquement que non, puis un peu plus doucement, histoire de ne pas vexer sa fibre patriotique. Magnanime, il nous explique que comme c’est notre première fois en Chine, il nous épargne l’amende salée et nous laisse aller. OUF. Nous le remercions et passons la frontière.

Du côté mongole, les démarches sont plus faciles (nous sommes dans une période de test sans visa pour la Mongolie pour certains pays européens) mais plus longues. Le guichet que nous avons choisi est finalement fermé pour contrôler en profondeur nos businessmen chinois. Du coup, nous recommençons une autre file d’attente, sous le regard impatient de notre conductrice de Jeep qui nous fait signe de dépasser tout le monde (ce que nous ne ferons pas ;-)). Finalement, nous reprenons la route et arrivons à la ville frontière mongole, où nous arrivons assez tôt pour acheter un ticket de train pour Oulan-Bator. Re-ouf. Nous passons l’après-midi dans une cafétéria en attendant notre train. Un peu perdus dans le décalage horaire, nous ne sommes pas certains de l’heure qu’il est. Oui, c’est embêtant quand on a un train à prendre. Un client de la cafétéria nous montre l’heure… oups, nous pensions avoir encore plus d’une heure à attendre et en fait notre train est déjà à quai et part dans 15minutes. Nous courrons et nous installons dans le train couchette qui nous emmènera en une nuit à Oulan-Bator !

Jour 3 : 9h.
Enfin arrivés, il ne reste plus qu’à trouver une auberge !

 

La parade

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Aujourd’hui (3 septembre), c’est jour de parade en Chine… Pour célébrer la fin de la seconde guerre mondiale et la victoire contre l’oppresseur japonais.

Et donc une grande partie de la capitale est paralysée. Certains hôtels près de la place Tiananmen ont même dû interdire à leurs clients de mettre un pied dehors aujourd’hui. Eh oui, c’est un gros événement, cette parade ! Le but de la Chine est multiple : montrer sa puissance aux autres nations et redonner confiance à la population qui commence à s’inquiéter du recul de la croissance chinoise. Il faut savoir que la stabilité de la société chinoise repose sur une sorte d’accord tacite : nous, les autorités, nous assurons une croissance et une économie florissante et en échange, vous le peuple, ne vous mêlez pas de politique, de démocratie ou autres Droits de l’Homme. Ce deal est en train de doucement prendre l’eau. Et paradoxalement, cette parade censée relancer le patriotisme chinois est aussi très critiquée par le peuple. Il faut dire que la pression est montée de quelques crans dans la capitale (il n’y avait qu’à voir le chaos créé par les contrôles massifs et poussés d’identités dans les métros et un peu partout dans la ville). Les Chinois que nous avons croisés ces jours-ci ne nous ont pas montré un enthousiasme débordant concernant la parade, ça c’est sûr !

Ce qui frappe aussi, c’est le côté pas très réconciliant de l’événement. Les Japonais sont clairement pointés du doigt sur toutes les affiches qu’on croise dans la rue et on ne parle nulle part de faire la paix mais d’avoir vaincu le fascisme et les Japonais !

Pékin est complètement bloquée, les sites touristiques et les commerces sont fermés : rien d’autre à faire que regarder ce défilé militaire. Une énorme démonstration de force… 12.000 soldats, 200 avions, des missiles de toutes les tailles et de toutes les couleurs… On nous a même parlé de 800.000 « volontaires » (on a des doutes sur ce terme…), en plus de la police, déployés dans la capitale pour assurer une surveillance maximale. Ces hommes et femmes portant un brassard rouge sont partout dans Pékin…

Le ciel est parfaitement bleu aujourd’hui à Pékin. Tu m’étonnes ! Cela fait déjà quelques jours que les autorités ont ordonné la suspension de l’activité des principales usines polluantes autour de Pékin ainsi que des centrales à charbon. Evidemment, ça change tout. Et nous qui nous demandions pourquoi l’air était si respirable… On nous a même dit que les autorités avaient balancé des produits chimiques dans le ciel pour s’assurer qu’aucun nuage ne viendrait faire de l’ombre au Président et à ses invités. A propos d’invités, ils ne sont pas énormément à avoir fait le déplacement. Peu de chefs d’Etats sont présents pour ce défilé, signe probable de l’isolation du pays sur la scène internationale. Poutine est clairement l’invité d’honneur et apparait régulièrement à côté de Xi Jinping.

La parade se termine et nous nous rendons compte que tout le monde à notre hôtel l’a regardée… Le lendemain, un véritable déluge s’abattra sur la ville, des orages et des pluies torrentielles nous apporteront un beau contraste avec la veille. Un peu comme si Dame Nature voulait rétablir l’équilibre et rappeler que c’est elle qui a le dernier mot en matière de météo…

 

La grande muraille… électronique !

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Eh oui, bien avant de grimper la fameuse Grande Muraille, nous nous sommes attaqués à la grande muraille électronique comme on l’appelle ici. En fait c’est plutôt elle qui nous a attaqués mais bon…

Une Grande muraille électronique ? Eh oui ! La Chine a instauré début des années 2000 une barrière électronique autour de l’internet chinois, l’isolant du reste du monde. Officiellement, l’idée est de lutter contre ce qui pourrait nuire à la société chinoise, la pornographie par exemple. En réalité, ce système de censure de plus en plus restrictif sert à lutter contre tout ce qui pourrait nuire aux autorités : les blogueurs, les militants des droits de l’Homme mais aussi toute personne qui voudrait s’informer en consultant une autre source de presse ou d’information que les agences d’info autorisées. N’essayez pas de taper « Tibet » ou « massacre Tiananmen » dans Google. Déjà parce que Google et tous ses outils (gmail, maps, traduction, etc) est inaccessible en Chine ; mais même si vous essayez avec un autre moteur de recherche, la connexion sera bloquée. Évidemment, l’action du gouvernement n’est pas que politique : elle est aussi économique. Fermer son marché aux géants internationaux et permettre à des entreprises chinoises de se développer, c’est une stratégie qui peut rapporter gros, surtout avec un marché aussi important que la Chine.

Quand nous sommes arrivés en Chine, nous nous doutions que nous allions vivre une certaine déconnexion. Mais pas à ce point-là. Il nous a d’abord fallu nous défaire de nos réflexes : plus d’accès à nos boites mails, aux réseaux sociaux, plus d’accès aux sites d’infos (on les aurait bien consultés au moment de l’explosion chimique de Tianjin), plus de paiement en ligne (parfois très pratique pour ceux qui, comme nous, organisent en improvisant au fur et à mesure du voyage), et de manière générale un internet bloqué (ou super lent) pour un site sur 2.

Pour nous évidemment, cela change un peu le voyage. Cela complique certaines choses mais c’est aussi une expérience intéressante de se déconnecter à ce point. On prend conscience de notre addiction à tous ces outils et aussi de l’importance de tous ces réseaux d’information et de communication. On réalise vraiment à quel point nous sommes dans un réseau !

Mais ce que vit la population est tout autre. Nous n’avions jamais été dans un pays aussi isolé du monde extérieur… Et c’est impressionnant à vivre. Certains utilisent les subterfuges classiques (VPN, etc.) mais beaucoup ne sont juste au courant de rien de ce qui se passe dans le monde et dans leur propre pays (mis à part ce que le gouvernement sort comme information dans leurs communiqués).

Finalement s’attaquer à la vraie Grande Muraille est peut-être même plus facile que de s’attaquer sa version électronique !

Beijing !

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Beijing, ou Pékin (en français)… Une étape de notre trip que l’on avait hâte de découvrir. Nous avions prévu de lui consacrer une petite semaine… Cela nous paraissait déjà trop peu. Quelle surprise lorsque l’on a appris que le gouvernement chinois prévoyait d’y organiser une grande parade militaire pour la commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale, et que la plupart des sites seraient fermés ces jours-là ! Pile au moment où nous serions sur place ! Nous avons simplement décidé de profiter de ce hasard pour découvrir la ville autrement, et faire l’impasse sur certaines visites touristiques…

Pékin représente le centre politique chinois depuis bien longtemps. De nombreuses dynasties installeront ici leur capitale, façonnant petit à petit la ville qu’elle est aujourd’hui. Malgré tout, la ville a considérablement changé ces dernières décennies… Afin de devenir une véritable vitrine du développement chinois et l’élève modèle de modernité, Pékin a subi de nombreuses transformations. Construction d’un périphérique de 130 km de long, forêt de buildings, centres commerciaux et métros modernes… On estime que Pékin connait actuellement autant de chantiers que l’Europe toute entière… Mais cette métamorphose a des conséquences, qui ne laissent pas indifférents : milliers de personnes expulsées et relogées dans des HLM tristounets, destruction du patrimoine historique, pollution à des niveaux extrêmement dangereux pour la santé des habitants… Sans parler des transformations de la ville pour accueillir les Jeux Olympiques de 2008. Aujourd’hui, le fameux Nid d’Oiseau brille encore au loin, dans la nuit pékinoise…

On nous avait dit : « il faut visiter Shanghai pour découvrir la Chine d’aujourd’hui, visiter Pékin pour découvrir 1000 ans d’histoire ». C’est en effet ce qu’on a fait ici à Pékin…

La place Tian’anmen, au centre de la ville. Nous avons observé ce lieu gigantesque où flotte le drapeau chinois, il y fait plutôt calme… Cela n’a pas toujours été le cas. C’est ici même que des étudiants manifesteront pacifiquement pour plus de démocratie en 1989 et seront massacrés pour leur action. Les derniers emprisonnés à l’époque ne sont sortis qu’en 2006. Vous connaissez tous cet événement, une photographie a fait le tour du monde : un jeune homme désarmé se tient face à une colonne de chars qui progresse sur la place Tian’anmen. C’est ici même aussi que Mao proclamera le début de la république populaire de Chine en 1949. Evénement historique qui influence encore énormément la Chine actuelle. La dictature chinoise, c’est ici. C’est ici qu’elle se matérialise et où elle veut marquer sa puissance.

A quelques pas de là, la Cité Interdite. Ancienne résidence de nombreux empereurs, elle s’impose au coeur de la ville par ses hauts remparts, ses couleurs chaudes et ses toits dorés. L’observer d’en haut est le plus impressionnant ! La porte du Midi, au sud de la Cité, comprend plusieurs portes principales : celle du centre était exclusivement réservée à l’empereur, ainsi que celle de l’est qui voyait partir son cercueil. A l’intérieur de cet immense ensemble de palais et de temples, on parcourt des petits ponts de marbre, des jardins aux arbres vieux de 500 ans, des temples, des salles pour les sceaux de l’empereur, pour les discours et réceptions, des palais pour les concubines et les appartements privés de l’empereur où les touristes chinois collent leurs joues sur les vitres pour apercevoir sa chambre à coucher.

Mais Pékin c’est aussi tellement d’autres choses !

La ville a malgré tout préservé quelques vieux hutongs, qui sont en fait des quartiers populaires flanqués de maisons anciennes. Quelle vie et quel bruit dans ce labyrinthe d’allées étroites ! A chaque fois que nous y avons été, soit nous nous sommes perdus, soit nous n’avons pas trouvé l’adresse que nous cherchions…

Accompagné de Bertrand, un ami belge étudiant ici, nous avons découvert le quartier de l’université, très animé et très métissé lorsque la nuit tombe. On y entend parler de nombreuses langues étrangères et on peut y déguster des bières de partout dans le monde (même de Belgique!). Rien de tel que de se poser à une terrasse dans la fraîcheur d’une soirée pékinoise, avec comme fond sonore les bruits de la rue et des klaxons.

Nous aurions bien parcouru les avenues et ruelles de Pékin encore une journée de plus, mais nous voulions absolument découvrir la Grande Muraille de Chine ! Certains tronçons de ce projet démesuré ne se trouvent qu’à 100 km de Pékin. C’est un passage obligé pour tout visiteur et on ne le regrettera pas ! La Grande Muraille a été construite pour protéger l’empire chinois. Elle ferait près de 7000 km de long ! Aujourd’hui, il n’est possible de visiter que certains tronçons, d’autres étant inaccessibles, endommagés ou non aménagés pour les visiteurs. Nous prendrons un bus pour aller visiter la partie « Mutianyu », plus éloignée mais moins courue que d’autres par les visiteurs. Nous ne serons pas déçus… A perte de vue, le mur serpente dans les collines sauvages. Il y a peu de touristes, il faut dire qu’ici les dénivelés sont importants et que cela peut en décourager certains ! Il faut parfois gravir des centaines de marches inégales et glissantes. Mais l’effort vaut clairement le coup. Plus on avance, plus la muraille se dévoile et s’étire à l’horizon. Nous marcherons avec notre ami Nicolas, rencontré dans le bus, jusqu’à des zones de moins en moins apprêtées pour les touristes, de plus en plus brutes et authentiques. Du haut de la colline, en voyant cet ouvrage perché au sommet des montagnes austères baignées de soleil, il est difficile de ne pas admirer un tel travail architectural symbolisant si bien la culture et l’histoire de la civilisation chinoise…

Une dernière Tsingtao, un dernier épisode « compressage » dans le métro, un dernier coup d’oeil sur cette ville surprenante, il est temps de partir…

Pingyao et ses petits toits courbés

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Lorsque l’on est sorti du TGV, on a été surpris… Après un mois de vadrouille en Chine, il nous a semblé que chaque ville concourait au concours de Mister plus haut gratte-ciel et Miss pollution… Pourtant ici, le ciel est bleu azur, l’air plus respirable, il y a moins de bruits, on marche dans un petit jardin pour atteindre le centre-ville protégé par de vieux remparts… Pingyao semble être une étape reposante avant d’atteindre Pékin, la trépidante.

Si la pureté de l’air ne sera malheureusement qu’une illusion – le lendemain il fera à nouveau brumeux à l’horizon – la vie dans le centre-ville historique nous fera un bien fou… Les voitures et tuk-tuks y sont interdits, il fait donc très calme… On avait presque oublié ce que c’était et à quel point ça fait du bien !

Nous passerons nos journées à flâner dans les ruelles et à observer les demeures traditionnelles bien conservées. Sur les axes principaux, sous de petits toits courbés, de belles façades aux peintures délavées abritent des petites boutiques à souvenirs et restaurants. Il faut bien satisfaire les nombreux touristes chinois ! Le souvenir le plus récurrent est une petite pince à cheveux agrémentée d’un trèfle ou d’un petit champignon… On en a acheté un aussi, le kitsh chinois ça ne se refuse pas !

Dès que l’on bifurque dans d’autres ruelles, on entre dans un labyrinthe de petites rues pavées et délabrées en plein coeur de la vie des habitants de Pingyao. Ici pas un touriste, juste des enfants qui crient un « hello » timide, du linge qui sèche au soleil et des ruelles sans issue. Notre hôtel se trouve dans ce type de petite ruelle. Dans la cour verdoyante, pas un bruit. Un chouette endroit pour bouquiner et boire le thé :-) !

C’est à Pingyao que fut lancée la première banque chinoise, la Rishengchang. Elle fit la réputation de la province durant longtemps. Cette banque fit faillite à la fin du XIXe siècle car elle refusa de suivre les marchés financiers chinois dans leur modernisation. On peut encore la visiter, ainsi que la maison de son fondateur, Lei Lutaï. Tous ces bâtiments authentiques sont intéressants à visiter, avec leurs architectures typiques et lampions aux toits, mais il faut le dire, ils sont un peu poussiéreux et la plupart des explications sont en chinois, nous avons dû louper certains détails… A Pingyao, il est aussi possible de se promener sur les remparts de la ville, la protégeant autrefois d’un éventuel envahisseur. Au loin, on peut voir la construction de nouveaux buildings pour accueillir l’arrivée en masse des chinois de la campagne… L’urbanisation est partout en Chine !

Nous avons également été nous balader dans les petits temples de la ville, aux arbres centenaires et aux fresques vieillies pleines de charme. Pour la première fois, nous avons visité un temple de Confucius. Ce dernier est un philosophe chinois, qui inspire encore de nombreuses personnes et penseurs. Il ne se réfère à aucun dieu, il est plutôt humaniste. Même s’il avait une vision conservatrice et misogyne, il parlait déjà de l’égalité des chances, par le mérite et non pas la naissance. Une énorme statue de ce dernier se dresse dans le temple. Aux arbres et aux rambardes de marbre, des centaines de morceaux de bois rouges volent dans le vent. Durant notre visite, un enfant chinois fait mine de vouloir sonner le gong… La dame de la sécurité s’empressera de l’en empêcher :-).

Si tous ces bâtiments et ces demeures sont encore debout, c’est uniquement car après la faillite de la banque, la ville tomba dans l’oubli et la pauvreté. Les gardes rouges n’y prêtent alors aucune attention durant la révolution culturelle, époque où de nombreuses vestiges anciens furent détruits…

Une halte reposante et agréable pour nous. Egalement, bien différente de ces grands centres urbains bruyants et de ces sites touristiques réaménagés et aseptisés pour les touristes.

Une nuit de train nous attend pour atteindre la capitale, Beijing. Beijing, la ville aux 22 millions d’habitants, aux 5 périphériques et aux 15 lignes de métro… Mais nous voilà d’attaque pour ce raz-de-marée !