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Xian, le pays des raviolis et des soldats enterrés

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8h du matin. Beverly nous fait signe en descendant de sa couchette et nous dit « We have arrived ! » (Nous y sommes). Nous avons fait la connaissance de cette jeune ado chinoise la veille en embarquant dans notre train-couchette de Chengdu en direction de Xian. Nous avions choisi des tickets pas trop chers dans des compartiments de 6 couchettes dures. Tout contents de parvenir à acheter des tickets, nous n’avions pas remarqué que la gentille dame qui nous les avait vendus à Canton nous avait en réalité trouvé des couchettes séparées. Voyant notre surprise, la jeune chinoise insiste pour nous aider et s’arrange avec un monsieur qui acceptera de changer de place pour que nous ayons deux couchettes l’une à côté de l’autre. Nous nous installons en la remerciant. Nous discutons un peu et elle nous montre le programme qu’elle a préparé pour sa maman et elle. Très vite, les passagers s’installent et la lumière s’éteint. Franchement, nous nous attendions à pire avec ce train-couchette et, mis à part les ronflements et l’odeur de cigarette (eh oui, ils fument partout, même si c’est interdit), nous passons une bonne nuit !

Arrivés à la gare, notre nouvelle amie nous propose de l’accompagner en nous expliquant qu’elle a trouvé un couple de Chinois de Xian qui va les aider à rejoindre le centre. Nous les suivons et heureusement ! C’est un peu la course pour trouver le bus qui va dans le centre et une dame hurle des ordres aux passagers pour tenter d’organiser la place dans le bus. Nous et nos gros sacs finissons par trouver une place… Après le bus, c’est en métro qu’il faut poursuivre. Nous leur payons les tickets de métro pour les remercier de nous avoir payé les tickets de bus. Toujours difficile de savoir comment cela est perçu dans d’autres pays mais cela ne semble pas les choquer. Nous finissons par arriver à notre hôtel, sous l’escorte de notre jeune guide et de sa maman. La jeune ado nous quitte en nous faisant promettre de lui écrire. Après nous être installés dans notre chambre (le sous sol de l’hôtel est arrangé en rue traditionnelle et chaque chambre est une petite maisonnette), nous nous baladons un peu dans notre quartier qui est celui des artistes.

La grande attraction de Xian, c’est la fameuse armée enterrée. C’est l’histoire du premier empereur de Chine, Qin qui a décidé de conquérir les royaumes à côté du sien et qui a réussi à unifier ce territoire à grands coups de réformes politiques et culturelles et par des échanges massifs de population. Qin, prononcé Chine (c’est de là que vient le nom du pays), a dès le début de son règne commencé à faire construire son tombeau, comme la coutume le veut. Mais en plus d’un tombeau, l’empereur mégalo a décidé de passer sa vie dans l’au-delà avec une immense armée. Il a donc ordonné que soient construits 8000 soldats en formation de combat pour l’accompagner après sa mort. L’histoire ne s’est pas hyper bien terminée puisque ce chantier colossal a entrainé une grande famine et a plongé l’endroit dans l’oubli jusqu’à sa récente découverte.

L’endroit est très impressionnant. Nous avons commencé par la visite d’une salle montrant deux beaux chars extraits du sol. Bon les touristes chinois qui se poussent et se marchent dessus pour prendre une photo de près rendent la visite un peu fatigante mais ces deux énormes pièces de bronze donnent un premier aperçu de ce que nous allions voir. Vraiment impressionnant !

Ensuite, nous sommes entrés dans un immense hangar d’où l’on peut voir d’énormes fosses remplies de morceaux de soldats et de chevaux cassés. Certains sont encore en un morceau et on peut même avoir un aperçu de la manière dont ils étaient colorés à l’époque. A la vue de ces milliers de pièces, on ne peut s’empêcher d’imaginer l’énormité du travail accompli par ces artisans. Nous avons terminé la visite par le plus impressionnant : un immense hangar ressemblant à une vieille gare abritant des centaines de soldats en ordre de marche. Un vrai mégalo ce Qin ! En nous baladant autour du hangar, nous avons aussi pu admirer le travail de patience des archéologues occupés à rassembler les morceaux trouvés dans le sol et tenter de leur faire retrouver leur forme d’origine. Malgré la foule qui vient visiter cet endroit, nous avons vraiment beaucoup aimé !

Autre endroit très chouette à Xian, le quartier hui, pas loin des énormes tours du tambour et de la cloche. Il s’agit d’une ethnie chinoise musulmane qui descendrait des marchands, artisans et soldats arabes et perses qui parcouraient la Route de la Soie. Dans cette ville super moderne comme l’aiment les Chinois, ce quartier est un autre monde. Composé d’un marché vendant tout le brol habituel, petits livres rouges de Mao traduits, tshirts Oba-Mao, faux bijoux de jade et autres casquettes pandas, mais aussi de ruelles plus authentiques. Ici les odeurs de brochettes épicées occupées à griller se mêlent au parfum sucré des fruits séchés, les bruits de klaxon se mélangent à ceux des artisans qui frappent la pâte de nougat fraiche. Pour échapper encore plus à l’animation, nous avons visité la grande mosquée du quartier. Cet étrange mélange entre architecture chinoise et écriture arabe donne un endroit très apaisant et assez unique.

C’est aussi à Xian que nous avons fait connaissance avec la pollution des villes chinoises. En visitant la pagode de l’Oie sauvage, en l’honneur d’un moine routard qui a voyagé jusqu’en Inde il y a quelques siècles, nous avons eu l’occasion de voir (et de sentir) ces visions fantomatiques. L’horizon de la ville est voilé d’une brume opaque d’une couleur oscillant entre blanc et brun. La gorge et le nez qui piquent ne laissent aucun doute : ce n’est pas une simple brume de chaleur. Une vraie vision d’apocalypse…

Nous ne serions pas complets à propos de Xian si nous ne mentionnions pas les Jiaozi, les raviolis chinois… Ce sont définitivement les meilleurs que nous avons goutés ! La pâte est parfumée au bon goût du bouillon dans lequel ils ont cuit et la farce est délicieusement épicée ! Miam ! Autre découverte dans une petite ruelle, un mini bouiboui où le patron sert en version originale complète de super bonnes nouilles faites maison. Trop bon !

Malgré sa taille tentaculaire, nous avons vraiment bien aimé cette ville !

 

Un thé avec l’homme de Chengdu

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« Ma mère était enceinte quand elle a échappé à la torture… Je suis donc chanceux d’être là aujourd’hui ! »

Cette phrase restera longtemps gravée dans nos mémoires. Tout comme la longue conversation que nous avons eue avec cet homme de Chengdu.

Tout a commencé (comme souvent en Chine) avec une tasse de thé. Un après-midi, nous nous posons dans un parc de la ville et commandons un thé (au hasard!). Nous le dégustons quand un homme nous aborde en anglais et nous propose de nous joindre à lui. Nous acceptons avec plaisir et nous commençons à bavarder.

Il est ingénieur en chimie et vient de faire une pause dans sa carrière pour de grandes entreprises internationales. Il nous pose beaucoup de questions sur la Belgique et nous sur la Chine.

Il nous parle de sa fille qui voudrait étudier à l’étranger mais ne maitrise pas bien l’anglais. Nous parlons des enfants en général et nous lui demandons quelques détails sur la politique de l’enfant unique.

L’homme de Chengdu : Aujourd’hui, cette politique s’est assouplie. Vous pouvez avoir un second enfant si vous êtes tous les deux des enfants uniques. Mais en réalité les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus vraiment envie d’en avoir. Cela coûte trop cher ! J’ai entendu que les gens en Europe ne se mariaient plus qu’officiellement et qu’ils ne faisaient plus de fête. C’est vrai ?

Nous : Autour de nous beaucoup se marient encore mais c’est vrai que certains créent leur propres cérémonies et ne vont plus à l’église. Mais le coût reste important dans les deux cas.

L’homme de Chengdu : Vous devriez l’organiser comme les Chinois. Ici, la coutume est de donner une enveloppe aux mariés avec des sous. Et cela peut aller de 1000 ¥ (145 €) pour un ami lointain à parfois 3-4000 ¥ (440-590 €) pour un proche. Dans de petites enveloppes rouges (la couleur de la chance). Les mariés ont toujours beaucoup plus d’argent après un mariage !

Il nous demande ensuite s’il est vrai qu’en Europe les gens préfèrent les vieilles maisons.

Nous : Oui en Europe, beaucoup de gens rêvent d’une vieille maison pleine de charme. Beaucoup sont en quête d’un peu d’authenticité.

L’homme de Chengdu : Mais pourquoi ? Ici, le rêve est d’avoir un logement le plus neuf possible. Comme ça, il est en bon état et moderne.

Nous parlons aussi beaucoup des systèmes d’éducation et de santé en Chine

L’homme de Chengdu : Avant, tout était gratuit, les soins à l’hôpital, les médicaments,… Mais récemment tout a changé, il n’y a plus que les soins à l’hôpital qui sont en partie gratuits. Tout le reste est devenu payant.

Nous : C’est dû à l’ouverture de l’économie ?

L’homme de Chengdu : Oui, c’est mal géré. L’éducation aussi coûte énormément aujourd’hui. Ça aussi, c’était gratuit avant. Comment cela se passe en Belgique ?

Nous : (Nous lui expliquons notre système)

L’homme de Chengdu : Donc c’est un système socialiste ?

Nous : Euh en tous cas, c’est un système très redistributif, oui.

L’homme de Chengdu : C’est dingue. En Chine, il ne reste plus grand chose du communisme !

Nous : A part dans le domaine politique ?

L’homme de Chengdu : (Il éclate de rire) Oui évidemment !

En voyant sa franchise, nous nous risquons à lui demander quelle est l’image de Mao aujourd’hui.

L’homme de Chengdu : C’est controversé. Beaucoup de gens l’adorent et pensent qu’il a fait de bonnes choses. Vous voyez ce que c’est la Révolution culturelle ?

Nous : (Nous lui montrons qu’il peut poursuivre son explication)

L’homme de Chengdu : Mao était un homme doué pour la politique et les luttes de pouvoir mais pas du tout pour l’économie. Mao avait de drôles d’idées comme le Grand Bond en avant. L’idée était que la Chine avec sa population et son potentiel pouvait rattraper n’importe quel pays dans n’importe quel secteur et Mao a donc décidé que le pays allait rattraper la production d’acier de l’Angleterre. Du coup tout le monde a commencé à faire de l’acier. Beaucoup de gens ont quitté leur activité pour aller travailler dans ces usines. C’est complètement idiot comme idée, non ? Cela a donné une période très difficile pour la Chine avec des famines (et des dizaines de millions de morts). La Chine a souffert de cette période pendant des années. Au sein du parti communiste, il y avait des gens doués en économie, dont Deng Xiaoping (Celui qui plus tard ouvrira la Chine à l’économie libérale). Ces gens ont lancé des réformes mais Mao les a dénoncé comme capitalistes et a lancé la révolution culturelle. C’était terrible. Des tas de procès et d’exécutions. On torturait dans les prisons. Beaucoup de gens ont été envoyés dans les campagnes. Mao s’est basé sur des jeunes qui ont commencé à porter un bandeau rouge au bras, signe de leur soutien à la révolution : ce sont les gardes rouges. Ces jeunes n’allaient plus à l’école et faisaient régner l’anarchie partout. Les enseignants étaient particulièrement visés. Ma mère travaillait dans une école au moment de la révolution culturelle. Elle était enceinte de moi. Souvent ils emprisonnaient les professeurs pour les torturer. Mais ma mère n’enseignait pas, elle effectuait des expériences dans un labo lié à l’école. C’est la seule raison pour laquelle elle a échappé aux gardes rouges…

Je suis très chanceux d’être là aujourd’hui en fait…

Nous : (Silence)

L’homme de Chengdu : Cette période a duré 10 ans. Ils ont détruit quasi toutes les antiquités de Chine. Il n’en reste plus que quelques-unes. En 1976, Mao est mort et la Révolution culturelle a cessé.

Absorbés par notre conversation, nous ne nous sommes pas rendus compte que le soir était déjà là. Nous discutons encore un peu avec notre nouvel ami puis nous nous séparons. Cette tasse de thé partagée avec cet homme de Chengdu, nous nous en souviendrons longtemps.

Une halte au Sichuan

Temple taoiste

Notre TGV file à du 200 km/h pour nous permettre de rejoindre la ville de Chengdu en… 15h. Oui oui, la Chine c’est vraiiiment grand !

Nous voilà donc arrivés en plein coeur de la Chine, à un millier de kilomètres de Hong Kong et de Canton. C’est une toute autre Chine qui s’impose à nous : un climat chaud mais moins humide, des visages plus souriants, une cuisine très épicée, des traditions bien ancrées…

Nous passerons pas mal de temps dans la ville de Chengdu. Cette dernière fut longtemps une cité incontournable dans l’Empire du Milieu, même si pour nous, elle ressemble surtout à toutes ces grandes mégapoles ultra urbanisées d’aujourd’hui. La ville est bien plus grande que ce que nous avions imaginé, certains quartiers sont à une belle petite trotte, heureusement qu’il y a un métro moderne dans le centre-ville.

Nous avons vraiment apprécié cette ville. Au détour d’une rue bruyante, un parc populaire où il fait bon s’asseoir sur un banc et regarder les familles profiter de leur journée. Après un carrefour bondé et anarchique, une petite rue aux maisons chinoises traditionnelles. En face d’une rue commerçante qui grouille de monde, un temple où se recueillent les fidèles…

Des parcs il y en plusieurs dans la ville et ce sont de véritables havres de paix. On peut s’y promener durant de longues minutes, sans en voir la fin. On y voit souvent une nature luxuriante, des fleurs aux milles senteurs et des plans d’eau paisibles. Des familles s’y promènent, dégustent des bâtons de caramel, tentent de garder un oeil sur leurs petits enfants « empereurs » (un peu pourris-gâtés les enfants uniques ici, il faut le dire). On peut observer des vieillards jouer à de multiples jeux, comme le « mahjong ». Mais ce que nous avons particulièrement aimé, c’est prendre le thé dans une maison de thé, à l’ombre de grands arbres. On pointe du doigt au hasard sur la carte des thés et on se ressert à volonté. C’est durant ce chouette moment que nous avons fait la connaissance d’un sympathique monsieur – parlant couramment l’anglais – avec qui nous avons échangé sur toutes les facettes de la Chine. Et sans tabou… Une belle rencontre qu’on est pas prêt d’oublier !

Chengdu comprend de nombreuses petites ruelles dites « à l’ancienne ». En effet, l’architecture fait penser à de vieilles maisons chinoises traditionnelles avec leurs lampions et petits toits courbés. Mais ce sont de vraies attractions pour touristes (chinois dans ce cas) et donc, on dirait presque un parc d’attraction, tout pousse à consommer : gadgets, nourriture, tee shirts, lumières et musique. Malgré tout, super intéressant à observer ! Et puis, ça change quand même des grattes-ciel !

Ah et les temples de Chengdu ! Nous y serions restés des heures entières ! Ces lieux sont toujours très calmes et l’ambiance particulière. Il faut bien faire la différence entre les temples bouddhistes, comme le temple Wenshu et Daci et les temples taoïstes, comme le temple des chèvres de bronze. Les premiers sont dédiés à Bouddha, tandis que le dernier à la philosophie et aux croyances taoïstes (on vous dit le ying et le yang, ça vous dit quelque chose?:-)). Ici, les fidèles font brûler des bâtons d’encens et se recueillent sous le regard bienveillant soit des moines bouddhistes, têtes rasées, soit des sages taoïstes, aux longues barbes et aux petits chignons au sommet du crâne.

C’est pour découvrir un lieu très important du taoïsme que nous nous sommes rendus hors de la ville, sur la montagne sacrée de Qingcheng Shan. Un lieu magique, des petites collines à perte de vue, partiellement voilées de nuages et parsemées de petites temples. Il faut marcher dans cette nature verte pour voir tous ces ensembles sacrés, et atteindre la grande pagode, tout au sommet de la montagne. La vue y est à couper de souffle ! Après il faut tout descendre, marche par marche, dans le calme de la nature mais dans le bruit des familles chinoises venues en visite :-). Une belle échappée de la ville !

Une autre pause dans notre visite du centre urbain qu’est Chengdu, mais aussi une des principales raisons qui nous a poussé à visiter le Sichuan : la rencontre avec le panda géant. C’est ici que vivent les derniers spécimens de cette espèce. Très peu nombreux et discrets dans la nature, il est impossible de les voir. Par contre, de nombreux projets sont mis en place pour protéger l’espèce en grand danger de disparition. Nous nous sommes donc rendus dans le centre de reproduction non loin de la ville pour les observer en vrai ! Une de nos plus belles matinées ici ! Nous sommes arrivés à l’ouverture du centre, vers 8h. Il fait encore frais. C’est un très bel endroit, très nature avec de grands espaces pour les animaux – presque des petites forêts (de bambou et autre!). Certains pandas faisaient encore la grasse matinée. Puis, petit à petit, on a pu les observer dans leurs grands espaces verts en train de grignoter leur bambou tant adoré (leur unique régime alimentaire – qui réduit fortement leur activité sexuelle et met en danger l’espèce toute entière – véridique !). Ces animaux sont magnifiques, ce sont de grands nounours au pelage noir et blanc. Au début de la matinée, nous avons eu quelques moments privilégiés, loin de la foule, pour observer un panda prendre un bain dans son petit étang comme un homme dans un jacuzzi. Aussi, un jeune panda se laisser rouler dans la pente douce. Nous avons également pu voir des bébés pandas, de la taille d’une grosse souris, dans des couveuses. Nous avons également vu des pandas roux. Bien plus petits et vivant dans les branches des arbres, ils ont des bouilles à croquer ! A partir de 10-11h, les cars chinois sont arrivés et les décibels ont augmenté dans tout le parc (si vous avez envie d’entendre ce que ça donne, c’est ici). Tous munis d’une casquette à oreilles de panda, ils s’exclament très fort devant les enclos et prennent tout en photos (inclus les faux pandas en plastique près des boutiques souvenirs). Vraiment une autre façon de faire du tourisme, c’est surprenant ! Nous nous sommes donc tout doucement orientés vers la sortie, en sautillant de joie d’avoir vu des pandas presque dans leur milieu naturel.

Savez-vous que tous les pandas sont loués aux zoos à travers le monde et ne peuvent être achetés par les entreprises ou pays ? Les deux pandas de PairiDaiza appartiennent donc toujours à la Chine !

Un autre moment fort de notre séjour sichuanais fut l’opéra ! Ce spectacle reprend quelques genres artistiques traditionnels de la Chine et surtout de la région du Sichuan : ombres chinoises, marionnettes, musique avec des instruments d’ici (guitare à une corde, trompette), danses avec des cracheurs de feu et des masques, pièces de théâtre… Nous avons adoré ! Alors, oui, on a pas tout compris surtout durant les pièces de théâtre, mais on retient surtout les couleurs, les costumes, le folklore, les rires de la salle et le fabuleux travail des artistes. C’était génial. Le tout accompagné d’un petit thé (que l’on a accepté), d’un massage (que l’on a gentiment décliné) et d’un nettoyage d’oreilles (que l’on a décliné sans hésiter!).

Bref, un beau paquet de chouettes expériences et découvertes dans cette région à part !

Lost in translation en Chine

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Voyager en Chine, c’est un choc. Bien sûr, voyager est toujours un peu un choc. C’est au minimum bousculer un peu ses habitudes. Il faut s’habituer aux moustiques, à la chaleur moite, à une autre langue, à des habitudes différentes,…

Mais avec la Chine, le choc est encore différent. De tous les pays dans lesquels nous avons voyagé, c’est le plus massif.

D’abord, ça peut paraitre simple, mais il faut s’habituer à un environnement où vous ne comprenez rien du tout. On reconnait évidemment des tas d’éléments : c’est le même genre de modernité qui progresse en Chine qu’en Occident. Mais tout ce qui est écrit vous échappe et ça change tout. L’anglais est utilisé dans les métros par exemple, mais c’est à peu près tout. En Chine, l’anglais est enseigné au minimum pendant 9 ans à l’école. Mais en fait personne ne le parle, probablement faute de pratique. Vous êtes livrés à vous mêmes et les gestes et la débrouille sont les seuls recours. Nous n’avons par exemple jamais eu autant de difficultés à nous orienter dans une ville ou à trouver notre chemin. Toute une aventure !

Ensuite, il faut s’habituer à des coutumes locales. Un gros raclement de gorge et un gros crachat atterrit à quelques mètres de vos pieds. Ou un rot sonore est émis à quelques centimètres de votre oreille dans le métro. C’est sûr, c’est une autre culture. Pour les Chinois par exemple, manger sans bruit ne permet pas de montrer sa satisfaction et donc il est nécessaire et bien vu de faire du bruit. Toujours concernant les repas, il est impoli de ne pas terminer son assiette car cela signifierait que vous n’avez pas eu assez. On est loin de « tu ne quittes pas la table tant que tu n’as pas fini ton assiette ! ».

Les balades sont aussi très instructives. Durant les premiers jours, nous avions toujours l’impression d’être dans le chemin de quelqu’un, de devoir s’arrêter à chaque pas. Et en les observant, nous nous sommes rendus compte qu’ils se comportaient assez bizarrement en rue (de notre point de vue évidemment!). En pleine foule, certains s’arrêtent net comme pour réfléchir ; une maman s’arrête avec son landau et son enfant à la sortie d’un escalator, bloquant ainsi le passage de tout le monde ; quelqu’un passe devant vous alors que cela fait 10min que vous faites la file ; ou encore une voiture qui tente de remonter à contresens une autoroute pour éviter de faire le tour… rien n’a l’air d’être fait avec une mauvaise intention mais cela interpelle ! Tout cela donne une anarchie assez impressionnante où chacun fait un peu ce qu’il veut. Les piétons marchent sur les grandes routes et traversent n’importe où, les motos roulent sur les trottoirs, les gens se ruent dans le métro et courent en se bousculant pour avoir une place assise. On dirait des millions de trajectoires individuelles qui s’entrechoquent pour ne pas perdre une minute. Vraiment intéressant à observer mais, il faut l’avouer, super fatiguant parfois.

Tout cela nous a amené à une réflexion plus large : nous avons l’impression que les Chinois vivent dans des bulles. Qu’ils vivent davantage les uns à côté des autres plutôt qu’ensemble. Cette impression s’accentue quand nous les observons avec leurs smartphones : c’est du non-stop. Ceux qui chez nous dénoncent les jeunes Européens accros à leur gadget n’en croiraient pas leurs yeux…

Ce qui frappe aussi en Chine, c’est l’impression d’être une star ou une bête de cirque, c’est selon la personne qu’on croise. Ils ne doivent pas voir beaucoup d’Occidentaux par chez eux… et encore, nous n’avons pas été dans les campagnes chinoises ! Les enfants tirent la main de leurs parents quand ils nous aperçoivent, comme nous le ferions si nous croisions Poelvoorde dans la rue. Certains nous demandent même une photo avec leur enfant… Dans beaucoup de cas, c’est fait avec le sourire et beaucoup de curiosité. Mais dans d’autres, aucune connexion ne se fait et nous sommes analysés de haut en bas sans un sourire. Il faut dire que nous n’avons croisé que très peu de routards occidentaux. En fait, quelques-uns dans les auberges de jeunesse mais presque personne sur les sites que nous avons visités. La Chine attire beaucoup plus les foules de touristes chinois et asiatiques !

Autre observation, par rapport à Hong Kong, où nous avions trouvé les gens carrément désagréables, les Chinois du « mainland », comme on appelle la Chine continentale, sont plutôt souriants. Il suffit souvent de décocher un sourire pour en recevoir un en retour.

Voilà pour ces quelques premières impressions. C’est sûr, cela fait presque 10 mois que nous sommes en route, et nous devons ressentir un peu la fatigue du voyage. Mais la Chine est clairement le pays le plus bousculant que nous avons visité. Ce qui le rend d’autant plus intéressant. Âmes sensibles s’abstenir donc, mais le jeu en vaut le bol de riz !

Défi 16 : les sourires de Geneviève !

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Salut à tous,

Et voilà encore un défi relevé ! Geneviève nous avait défié d’immortaliser 6 sourires dans 6 pays différents ! Les voici !

Nihao Guangzhou !

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Nous laissons derrière nous la ville d’ Hong Kong engourdie dans ses nuages de pollution, pour rejoindre la première ville étape de notre trip en Chine : Guangzhou – ou Canton. Deux heures de TGV et nous y sommes. Les contrôles de l’immigration sont face à nous. Hé oui, nous ne sommes pas encore en République Populaire de Chine. Nous préparons notre beau visa. Bam, bam, les cachets sont imprimés dans nos passeports. Nous voilà arrivés.

Nous sortons de la gare. Il fait moite et chaud comme à Hong Kong. Par contre, plus de traductions anglaises sur les panneaux. Nous sortons notre plan et le retournons dans tous les sens. Les chinois nous regardent avec un sourire mais n’arrivent pas à nous aider, il nous est impossible de communiquer. Un moment où l’on se sent seuls au monde, on vous raconte pas. Nous finissons par abandonner notre idée de passer à une agence touristique dans le coin et prenons le métro en direction du centre pour trouver un pied-à-terre. Les Chinois sont en vacances ces semaines-ci, de nombreux hôtels sont complets. Nous finissons par poser nos valises dans l’équivalent chinois du Formule1. Nous discutons avec les employés de l’accueil avec un intermédiaire particulier : un traducteur automatique, style Google traduction. On se passe l’écran de l’ordi pour parler ! Inédit !

Canton n’est rien de moins que la troisième ville chinoise. On prévoit que d’ici 2050, Hong Kong et elle seront similaires en termes de taille et de poids économique ! Nous ne nous perdrons que très peu dans ses quartiers d’affaire pollués et embouteillés, ce qui nous intéresse surtout ici c’est organiser la suite de notre périple chinois et visiter l’île de Shamian…

C’est sur cette petite île que les premiers commerçants européens ont été autorisés à faire du commerce avec les Chinois. Au XVIIIème siècle, aucun chinois n’avait le droit de s’y rendre mis à part les intermédiaires dans les échanges commerciaux. Shamian a ainsi longtemps été un monde clos au parfum européen. Et c’est toujours vrai ! A l’heure d’aujourd’hui, la petite île transporte les visiteurs en plein coeur de cette Europe en Asie : rien n’a été détruit et de l’argent est investi par l’Etat et des entreprises privées pour préserver ce beau patrimoine de l’histoire. Les ruelles sont ombragées par des arbres centenaires, de vieux ventilateurs grincent sur les balcons, au détour d’une ruelle on tombe sur une petite église appelée « Notre-Dame de Lourdes »… Il y fait également très calme, la plupart des rues sont piétonnes. Tôt le matin, on y observe des groupes d’adeptes de tai-chi, le soir des parties de badminton. Nous avons aimé ces balades, mais regrettons peut-être juste le manque de vie et d’âme dans ces beaux bâtiments silencieux.

Au-delà du petit pont qui relie l’île de Shamian au centre de la ville de Canton, fini le calme ! Les autoroutes aériennes grondent au-dessus de nos têtes et tout le monde s’agite dans les marchés et ruelles bondées. Nous découvrons le marché de la médecine traditionnelle où les vendeurs poignent dans de grands sacs et en retirent des herbes séchées, champignons et autres remèdes inconnus. Non loin de là, dans une petite ruelle de pavés, les étals colorés de légumes sont à même le sol. Nous passons dans la partie consacrée aux viandes, en mode « apnée », sous le sourire des bouchers, interpellés de nous voir là.

Nous passerons également une journée entière à tenter d’acheter nos billets de train pour la suite du voyage. On nous avait conseillé d’attendre d’être la Chine pour les réserver, car les billets y seraient un peu moins chers qu’à Hong Kong. Le souci c’est qu’il n’est pas si évident d’acheter un billet de train, cela paraît bête et pourtant ici, c’est un vrai parcours du combattant. Nous ne trouverons pas toujours les agences renseignées, ou alors, elles ne pourront pas nous aider. Nous traverserons la ville pour atteindre une grande gare mais nous serons vite découragés : les panneaux sont en chinois et les files sont interminables. Nous essayerons également de les commander sur internet, mais la Chine bloque les paiements en ligne (à suivre dans l’article sur nos premières impressions). C’est donc un peu désespérés que nous tentons le tout pour le tout : nous partons pour la gare des TGV, bien loin du centre de la ville, dans l’espoir de trouver quelqu’un pour nous aider. Les files y sont moins longues, nous avons entretemps trouvé des blogs pour nous aider à comprendre les panneaux d’affichage, alors on se lance. Munis de nos destinations écrites en calligraphie dans un petit carnet, nous le montrons à l’employée. Elle acquiesce et en suivant ce qu’elle tape sur son écran, nous arrivons finalement à trouver le bon train ! Génial ! On répétera l’opération plusieurs fois jusqu’à avoir tout ce qu’il nous faut jusqu’à Pékin. Nous remercierons l’employée (bien patiente avec nous, il faut le dire!) d’un grand sourire et d’un « xièxié » (merci) discret et pas encore très assuré, avant de quitter la gare tout heureux et fiers d’avoir réussi à les obtenir au guichet même. La Chine nous voilà !

Les derniers jours à Canton passeront assez vite entre dégustation de mets locaux (si vous salivez, c’est par ici) et balade dans les jardins chinois. Et cela, malgré la pluie qui ne cessera plus de tomber sur Canton. C’est un peu à cause de cela, mais aussi du taux élevé d’humidité pas fort apprécié par notre appareil photo, que nous n’avons pas eu l’occasion de prendre beaucoup de photos.

Nous sommes en tout cas très contents de pouvoir continuer à vous raconter nos aventures ! Et elles risquent d’être uniques ! A bien vite !

PS : Notre page Photos ne sera pas mise à jour avant notre départ de Chine. Nous utilisons un site (flickr) bloqué par les Chinois. Nous le mettrons à jour dans quelques semaines. En attendant, nous mettrons toujours les photos dans nos articles ! (Edit : c’est fait !)