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Au bord du lac Titicaca

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Nous y voici donc enfin, ce lieu tant attendu, la petite ville de Copacabana au bord de ce lac mythique et glacial. On est loin de Copacabana, la plage brésilienne où il fait bon se baigner !

Le lac Titicaca s’étend sur des kilomètres à 3600m d’altitude, défiant les frontières péruviennes et boliviennes. Endroit de légende, les Incas prétendent que le soleil y serait né, ainsi que sa soeurette la lune.

Nous on les comprend les Incas, il y règne une certaine sérénité, les couleurs vives des paysages semblent sorties d’une peinture toute fraîche, l’air sent bon le romarin et on a l’impression de pouvoir respirer à pleins poumons. Copa est un gros village perdu dans les collines rases et jaunies par le soleil. Sur le flan des collines, des terrasses ont été façonnées par les Incas. Au loin, des petites îles parsèment le lac d’un bleu profond. Dans la ville calme, une petite place, une grande cathédrale, des échoppes pour les touristes, un petite plage où jouent les familles. Rien de plus.

Notre hôtel se trouve sur la petite plage. Chaque matin, on aperçoit le reflet des nuages dans l’eau du lac. On sent les rayons du soleil chauffer à travers les vitres et on voit les voyageurs revenir d’excursion avec des coups de soleil. Pourtant dehors, une fois à l’ombre, il fait plutôt frais. La spécialité ici est la « truite arc-en-ciel ». La truite a été introduite dans la région il y a de nombreuses années et est devenu un plat de choix. On a goûté et verdict, c’est très bon !

Et si on partait une journée parcourir l’Isla del Sol ?

Nous prenons un petit bateau, lent, très lent pour atteindre cette dernière et découvrir toute sa magie qui donna naissance aux croyances incas. Assez petite, il est possible de traverser l’île entièrement à pied en une journée. En compagnie de nos amis les belges, nous prenons le sentier sur la crête de l’île et entamons une petite randonnée qui nous en mettra plein la vue. Le mariage des couleurs, la quiétude de l’eau, l’infini du lac, les pins alignés sur les reliefs de l’île, les dégradés de vert sur les versants, les odeurs de forêt… Un moment de bonheur dont on a bien profité ! L’île n’a pas perdu son charme et n’est pas totalement surfaite, on reste époustouflés par la force de la nature qui se dégage de cet endroit, même si les nombreux check-points payants sur le sentier nous montre qu’on est loin d’être en terre inconnue:-)…

Quand le tourisme nous égare

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Envie de soleil et d’altitude ? Envie d’escapade au bord d’un lac bleu profond ? Envie de déguster une truite en terrasse ou de faire une balade sur l’eau à bord d’un pédalo en forme de cygne ?

Suivez-nous, on part à Copacabana, en Bolivie, au bord du lac Titicaca !

Pour nous y rendre, d’abord deux étapes importantes : passer la frontière bolivienne et atteindre la ville de Copacabana. Cela semble simple, à première vue…

Revenons quelques jours en arrière. Nous voici à la gare routière de Cusco, au Pérou à la recherche d’un bus pour Copacabana. Une agence nous propose quelque chose d’intéressant, de safe, de rapide et même si l’accueil est un peu froid et désintéressé – la vendeuse est sur Facebook – nous persévérons. On lui demande plus de détails sur comment va vraiment se passer le passage de la frontière. Son histoire nous semble un peu floue/bizarre : après le passage de la frontière, un autre bus/taxi/voiture de la compagnie – on a toujours pas compris, va nous prendre et nous amener à Copacabana tandis que le bus continuera vers la Paz, la capitale bolivienne. Bon, c’est un peu bizarre mais ça devrait aller. On reçoit nos tickets, en route !

On s’assied et on patiente au quai indiqué. Soudain, un bus d’une autre compagnie vient gentiment s’y garer. Pas de quoi s’alarmer, on est au Pérou, soyons flexibles et réactifs, notre bus doit bien être quelque part d’autre. Mais rien… On finit par demander à quelqu’un qui nous montre le même bus sagement posé au quai 10. On reregarde nos tickets. C’est pas vrai ! Elle nous a vendu des tickets de bus d’une compagnie X au bureau de l’agence Y. On réfléchit, on regarde la tête du bus. Bon, ok finalement ça ne change pas grand-chose.

Le chauffeur range les bagages dans la soute. Il crie : « les bagages La Paz d’abord ! Copa après ! » On donne nos bagages, monte dans le bus et là… Quelqu’un est assis sur un de nos sièges. On regarde nos tickets avec le passager, il a le même numéro de siège que nous… Un voyageur australien monte et nous regarde en rigolant, il a le même numéro aussi. Le siège 13 a été vendu à 3 personnes différentes. Bon, pas grave, on choisit d’autres sièges, on verra si d’autres passagers arrivent. Mais c’est le bordel partout ailleurs. Le « steward » ne sait plus où donner de la tête, sue et se trouve au niveau 10 de l’échelle stress. Des groupes sont séparés, certains refusent de bouger… On rigole avec l’australien à côté de nous, notre 3ème numéro 13 :-). Après de longues minutes, tout le monde est assis, on peut démarrer.

On se réveille avec une vue sur le lac Titicaca côté péruvien. Nous voilà arrivés près de la frontière. On demande comment cela va se passer pour Copa. Les responsables nous disent « On vous expliquera, on vous expliquera » et se montrent de plus en plus impatients et agressifs et nous poussent aux postes-frontière. On ne comprend pas bien leur attitude, mais on met cela sur le compte de la fatigue et de la longue attente qui nous attend à la frontière…

Etape 1 : Aller au poste-frontière péruvien pour obtenir le cachet de sortie du Pérou. On papote avec Stijn et Ellen, les belges. Une heure plus tard, on a notre cachet. Bye bye Pérou.

Etape 2 : Passer la frontière et obtenir le cachet d’entrée bolivien. Alors là c’est pas de la tarte, on voit une énorme file, et à un endroit, un magma de gens. En fait, il faut faire d’abord une file coupant l’autre pour obtenir un papier à remplir avant de rejoindre l’autre. Cette dernière n’en finit plus. On voit un voyageur de notre bus ayant juste pris la peine de mettre des tongs sur ses chaussettes. Il fait boueux et il pleut. Il nous regarde d’un air dépité, cela va être long ! On finit par arriver dans les bureaux d’immigration. Ils attrapent nos passeports, bam bam, un cachet, deux cachets, ils ont à peine levé les yeux vers nous que c’est réglé. (Les Américains ont fait la même file que nous mais sont sortis du bureau avec 150$ en moins dans leur poche…)

Nous voici donc parés. Nous retrouvons le bus et demandons où se trouve notre véhicule pour le lac Titicaca. Ils nous regardent et disent : « Il n’y en a pas. Nous allons à la Paz ». Pris par surprise on montre nos tickets : « Mais on a payé un billet pour Copa ». Et c’est leur réponse qui nous a scié : «  Ce n’est pas notre problème, le bus a passé la frontière, pour Copa il faudrait faire demi-tour et c’est plus possible ». Au début, tu crois à une blague, mais les mésaventures de la veille nous ont vite ramené à la réalité : pour remplir leur bus, ils ont délibérément vendu quelque chose qui n’existait pas. C’est dans ce genre de moments que tu sens la différence entre toutes les petites embrouilles dues à une organisation aléatoire ou à des incompréhensions culturelles, et l’arnaque. Nous nous efforçons de toujours garder la tête froide et le sourire aux lèvres mais ce genre de situation est plus difficile à accepter. Nous nous sommes donc montrés fermes et avons essayé d’obtenir ce que nous voulions et ce pourquoi nous avions signé. Bon, il était clairement trop tard pour retourner vers Copa qui était derrière nous, mais au moins, les responsables du bus se sont sentis obligés de trouver une solution. Alors ils nous ont proposé de nous payer un bus de la Paz pour Copa. Ok on a pas trop le choix de toute façon. C’était absurde, nous allions rouler 3h vers l’est pour atteindre la capitale et puis refaire 4h de route dans l’autre sens pour revenir vers le lac. Cela allait nous prendre toute la journée pour atteindre Copa. Et dans quel bus allaient-ils nous fourrer ? S’ils le faisaient réellement…

Arrivés à La Paz, ils nous ont payé un ticket de bus à tous les 4 (les deux belges nous accompagnent pour cette aventure) pour partir directement dans l’autre sens. Après nous être assurés que la solution nous convenait, nous avons accepté de monter dans le nouveau bus. Nous nous sommes retournés pour donner notre décision aux responsables de la compagnie et leur dire au revoir, mais ils avaient déjà filé…

Tout est bien qui finit bien, le soir nous regardions le coucher de soleil à Copa.

Bon vous allez nous dire, c’est bon vous avez un an, et c’est vrai on est pas à quelques heures près. Mais c’est être pris pour un pigeon qui n’est pas toujours une position facile quand on voyage. En voyageant, on accepte de payer plus cher que les locaux, on accepte de les voir rigoler face à nos questions, on accepte cette image de touriste qui nous colle à la peau malgré nous. C’est inévitable et c’est le prix pour des rencontres inoubliables et de belles découvertes. Mais lorsque l’on se sent pris au piège dans une véritable arnaque organisée et consciente, c’est plus difficile à gérer. C’était la première fois que cela nous arrivait depuis le début de nos aventures et que nous avons dû dépasser notre énervement et notre frustration. Voyager nous apprend aussi que ce n’est pas toujours qu’ouverture et joie d’apprendre à se connaître. Le tourisme est aussi un business et une manne à $ importante, d’où certains travers au milieu desquels on peut se retrouver coincé. Etre conscient de cela, c’est voyager plus responsable et être capable de nuancer ses propos. Et c’est surtout s’en rendre compte qui permet de toucher à l’incroyable complexité du monde dans lequel nous vivons.

Enfin, on philosophe, on philosophe, mais revenons plutôt à nos aventures…