Le deuxième jour, nous sommes allés découvrir la Cumbre de los pueblos frente al cambio climatico, ou le sommet des peuples contre le changement climatique. Ce sommet est organisé par les associations paysannes, étudiantes, syndicales et sociales du Pérou. On sent tout de suite que l’esprit de ce sommet est très fort lié à l’identité du pays dans lequel nous nous trouvons. Ce ne sont pas les organisations écologistes ou les mouvements de solidarité internationale qui sont les plus visibles mais les mouvements indigènes, paysans et syndicaux.
Ensuite, en ce qui concerne le contenu, on sent très vite que le message est plus large que le simple « combat vert ». Le slogan du sommet est d’ailleurs dans cette optique : changer le système, pas le climat, tout est dit. Ce qui explique le lendemain, nous verrons des slogans aussi variés que « stop au travail des enfants » ou « non à la violence policière ».
Nous nous rendons donc au Parc des Expositions de Lima où ont lieu de multiples événements pendant 4 jours.
Nous commençons par nous balader parmi les différents stands orientés sur l’activité paysanne péruvienne. Les mouvements indigènes sont bien représentés et se baladent fièrement en habits traditionnels dans le parc. Plusieurs chapiteaux sont consacrés à des débats et des présentations. Nous assistons ainsi à une présentation par un expert du GIEC (le groupe d’experts international sur le changement climatique qui fait autorité en la matière) qui nous explique l’enjeu du réchauffement climatique. Aujourd’hui, nous en sommes à 0,8° d’augmentation et les prévisions actuelles annoncent une augmentation de plus de 2°. Il est évident, nous explique-t-il que la température change tout le temps, ne fut-ce que durant une journée, mais ici, nous parlons d’une augmentation mondiale. On devrait rester en dessous des 2° d’augmentation pour limiter les impacts négatifs tels que le typhon qui sévit en ce moment en Indonésie. Mais pour cela, il faudrait que l’ensemble des pays mènent des politiques qui permettraient de limiter l’émission de gaz à effet de serre pour arriver à 0 en 2050, ce qui impliquerait de s’y mettre dans les 5 ans.
Nous assistons aussi à une présentation de ce qui se passe actuellement dans l’autre sommet, celui des gouvernements. L’organisation « Global campaign to demand climate justice », très bien informée nous livre quelques infos intéressantes. Les Européens ne parviennent toujours pas à parler d’une voix et restent bloqués sur leur idée de « marché d’émissions » (en gros celui qui pollue moins permet à d’autres de polluer plus). On apprend aussi que les Australiens et les Canadiens jouent un rôle de plus en plus négatif sur les négociations, en lançant notamment des rumeurs accablant les Chinois. Un papier non officiel est pour le moment en discussion mais n’aborde pas les questions principales. On sent l’inquiétude qui plane sur les négociations. On entend même certaines associations parler de rejeter le texte et de quitter complètement la conférence. A suivre donc.
Une autre association nous explique que pendant que le peuple et les gouvernements se rassemblent, les grosses multinationales tiennent elles aussi un sommet au Hilton de Lima. Une action pacifique est donc prévue le lendemain.
On se balade encore un peu et on finit par acquérir nos fameuses accréditations : nous voilà donc officiellement participants de la Cumbre. Ce rassemblement nous permet aussi d’observer les populations indigènes mais aussi les inratables alters et youkous qui sont évidemment de la partie. On voit aussi une distribution de nourriture et… surprise, de jus de fruit Coca-Cola… L’incohérence nous fait sourire. Les grosses entreprises sont évidemment très présentes lors des sommets climatiques. C’est l’occasion pour elles de changer leur logo en vert ou de financer une expo photo. On est en plein dans le Greenwashing…
Rendez-vous est donné pour la manif du lendemain ! On a hâte d’y être !