Impressions brésiliennes

drapeau

Quand on quitte un pays, on a souvent envie de se retourner et de prendre un peu de temps pour penser à ce qu’on a vécu. Envie de penser à ceux qu’on a rencontrés, aux discussions qu’on a eues avec eux. De se rappeler ce qu’on a goûté, les bonnes comme les moins bonnes surprises, de ce qu’on a senti aussi parce que c’est l’un des sens qui est le plus secoué quand on voyage. Envie de se repasser toutes les photos mentales qu’on a prises, les endroits magiques qu’on a vus, les moments de fous qu’on a vécus.

On a aussi envie de faire ressortir une impression de tout cela. Elle vaut ce qu’elle vaut. Elle n’est basée sur aucune méthode scientifique. Mais on a quand même vécu quelque chose et même si ce n’est pas généralisable, on a envie d’écrire nos ressentis.

Le Brésil…

Un pays fait de bruit. Babylon Circus décrivait un quartier chaleureux fait de « musique et de bruit ». C’est un peu l’impression qu’on a quand on se remémore nos 30 jours au Brésil. Les Brésiliens que nous avons croisé chantent ou fredonnent très souvent. Et quand ils ne chantent pas, ils battent la mesure ou jouent des percussions sur un bureau, la coque d’un bateau ou une chaise. L’amour des Brésiliens pour la musique et le rythme transparait à chaque coin de rue, file d’attente ou trajet de bus. Cela donne une ambiance bruyamment géniale ! Quand l’un écoute sa musique dans un minibus, tout le monde peut en profiter. Et quand son voisin a envie d’écouter la sienne, tout le monde peut comparer laquelle il préfère. Ce qui est frappant pour nos oreilles européennes, c’est que personne ne bronche comme nous le ferions en Europe. Cela fait partie de la culture. Le moment le plus marquant pour cela est un arrêt de notre trajet Belém-Manaus en bateau-hamac. Vu que nous étions proche d’une ville, les occupants du bateau avaient allumé la télévision pour regarder des émissions de futbol. D’autres (vachement imbibés) préféraient écouter de la musique très fort. Ceux qui chargeaient le bateau en nouvelles marchandises s’y sont mises aussi avec leur propre musique. Le moteur du bateau ne s’était bien sûr pas arrêté. Cela donnait une énorme cacophonie assez représentative de notre mois au Brésil.

On dit aussi que le Brésil est un pays violent. On l’a beaucoup entendu, les voyageurs en parlent souvent et les Brésiliens ne sont pas en reste. Il faut dire qu’à chaque fois qu’on a tourné les yeux vers une télévision, quand ce n’était pas du foot, c’était un reportage sur un meurtre ou un braquage sanglant dans telle ou telle ville du Brésil. En quittant Belém, nous avons même appris qu’un policière s’était fait assassiner et qu’en représailles 20 narcotrafiquants avaient été tués. Sur le bateau, on nous a raconté des histoires de pirates abordant les bateaux et pillant ses occupants. Nous avons donc été très prudents. Peut-être trop diront certains.
Heureusement, nous n’avons fait que de bonnes rencontres. Et c’est un vrai contraste : entre le sentiment d’appel à la prudence qui reste en nous et la chaleur, l’amabilité, la générosité des gens que nous avons rencontrés. De Carlos, notre pote du bateau-hamac, à la personne qui se trouve dans le même bus bondé que nous et qui nous adresse un sourire plein de complicité, en passant par le monsieur qui nous voyant chercher sur notre plan est venu nous aider, nous avons été charmé par les Brésiliens.

Le Brésil est un pays énorme. Tout y est grand. Et tout y est vécu en grand. C’est donc un pays qui a plongé la tête la première dans la consommation de masse. Et ça se voit. Dans la rue, on peut comprendre les statistiques qui placent la moitié de la population en surcharge pondérale. Les Brésiliens que nous avons vus, boivent des sodas et de la bière en masse et grignotent à toute heure. Leur gastronomie est également très riche. Même quand ils cuisinent des classiques internationaux. Ne tentez pas une pizza par personne au Brésil. Vous ne finirez pas. On nous a aussi expliqué qu’il était dangereux pour son portefeuille de tenter de suivre des Brésiliens qui font la fête. La consommation de masse est toujours intimement liée à l’apparence…

Le Brésil est définitivement un grand pays. Des distances titanesques pour aller d’un point à un autre. Trois fuseaux horaires. Sur nos montres, les aiguilles avancent toujours à la même vitesse qu’en Belgique et pourtant, le temps prend un tout autre sens ici. En Amazonie, le temps semble s’écouler comme le fleuve et la forêt en ont décidé. Un rythme lent et tranquille. Dans la rue, tout le monde prend son temps. Nos pas pressés d’Européens ont du mal à s’y adapter et s’impatientent. Dans les magasins, les Brésiliens patientent sagement que le caissier scanne les articles et les range dans un sac, tout en regardant à droite et à gauche, le geste lent, comme s’il se trouvait dans son hamac après une sieste. En Amazonie, pour se déplacer, à part l’avion qui est très cher, pas de routes, seuls les bateaux permettent d’aller d’un point à un autre. Les distances étant énormes, on compte en heures – voire souvent en jours – le temps de trajet. Cela nous semble inimaginable pour nous Européens. Nos repères sont tellement différents : Londres est à 2h de Bruxelles en train, Paris à quelques 3 heures de route et New-York, de l’autre côté de l’océan, à seulement 8h de vol. Les habitants de la région perçoivent le temps autrement et retrouvent leur famille ou leur travail après plusieurs journées de traversée, c’est normal. Prendre le temps, c’est prendre conscience des distances, de la grandeur du monde autour de nous. Prendre le temps, c’est finalement se laisser surprendre par ce qui nous entoure et ne pas faire des trajets un temps intermédiaire insignifiant.

Le Brésil est ce que la nature en a fait. Le Brésil est le poumon de notre planète, qui n’a jamais entendu cela à l’école ? Quand on décrit l’Amazonie, on parle de cette forêt bordée par ses nombreux rio et son fleuve. C’est cette nature qui a forgé le mode de vie de ses habitants et non l’inverse. Ici, on sent que la nature s’impose à nous, elle dégage une telle force qu’il est impossible de ne pas se sentir tout petit et intimidé. D’ailleurs, sans connaissances, on se ferait vite piégé dans cet enfer vert. Mais quand on y regarde de plus près on se rend compte de toutes les richesses qu’elle offre : plantes médicinales, arbre « à eau potable », biodiversité qui recèle encore bien des mystères pour les scientifiques, véritable ogre à CO2… Les seuls à véritablement la connaître et à s’y sentir comme à la maison sont ses habitants indiens ou ceux qui y sont nés. Et ces derniers nous ont impressionné pour leur culture respectueuse de l’environnement, en harmonie avec cette nature mystérieuse. « Not hear it but listen it. Not see it but look at it – ne pas l’entendre mais l’écouter. Ne pas la voir mais la regarder ».

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *