Quelques jours dans la chaleur de l’île Marajo

Un paresseux

A 3 heures en bateau de Belem, la plus grande île du delta de l’Amazone est plus tranquille que les trépidantes villes brésiliennes. L’île Marajo est surnommée « l’île aux buffles » non sans raison puisqu’elle est plus peuplée de buffles que d’humains. La légende raconte que les premiers bovins arrivés sur l’île sont les survivants d’un naufrage aux larges des côtes. Bons nageurs, n’est-ce pas ?! Sur Marajo, on trouve quelques villages calmes et le reste du territoire, majoritairement des marécages, a été conquis par les bovins et autres animaux de ces contrées tropicales.

Nous voilà donc embarqués sur un bateau pour ce petit paradis. C’est la bousculade pour monter sur le bateau et s’approprier un siège. Pourtant, à notre grande surprise, de nombreux sièges restent libres. On comprendra plus tard, à nos dépends, que tout le monde essayait d’éviter le côté ensoleillé et éclaboussé du bateau… :-) ! Certains s’endorment, d’autres sirotent des sodas, les enfants jouent. Certains passagers s’attardent sur les tele novelas diffusées par de vieux téléviseurs. Les tele novelas sont des séries télévisées brésiliennes regardées par le grand public. L’attention de ces spectateurs nous a fasciné car le bruit des moteurs rendait la série inaudible et le jeu des acteurs sonne faux – un peu comme PBLV si on peut se permettre:-). Imaginez une actrice rousse s’énerver, jeter des objets au sol de manière répétitive et des gros plans sur ses larmes plus vrais que nature, ou pas. La scène après : elle apparaît souriante et… blonde !
Alors que certains passagers regardent le paysage, accoudés au pont, non sans se lasser d’un fleuve qu’ils voient tous les jours, le bateau commence à tanguer, l’océan n’est pas loin et les eaux calmes de l’Amazone rencontrent la furie de l’Atlantique. Certains ne tarderont pas à être malades, on ne regarde pas trop et on pense à autre chose:-). On arrive à bon port en soirée, on découvrira le village de Souré demain.

Quelle surprise – même si on le savait – de découvrir un gros village calme où l’on peut marcher au milieu de la route sans gêner personne mis à part un buffle qui passait justement par là ! Quadrillé, il est très facile de se repérer dans le village et les habitants se montrent gentils et prévenants avec nous. Ils n’hésitent pas à nous indiquer le chemin ou à nous faire un petit coucou de la main. De grands manguiers bordent les chemins et donnent de l’ombre – car il fait chaud, 40°C ! Autant dire qu’on se promène à notre aise et qu’on est pas prêts pour un marathon:-). Nous louons des vélos et parcourons le lieu comme la population d’ici. Quelques kilomètres plus tard, nous arrivons à la plage qui nous a tant hypnotisé. Si calme, si puissante, on y serait resté des heures mais la marée en a décidé autrement. Heureusement car si nous étions restés plus longtemps les pieds dans le sable chaud, nous n’aurions peut-être pas fait la rencontre de la journée : les ibis rouges. Des taches de couleur vive dans un pré verdoyant. Des vols gracieux.

Le lendemain, nous partons à l’aube pour découvrir le coeur de l’île : la mangrove. Véritable réseau de racines et de végétation, ce milieu abrite de nombreuses espèces de plantes et d’animaux. Nous naviguons, juste nous deux et notre guide, une petite heure au bord des côtes luxuriantes du fleuve avant de pénétrer au sein même de cet environnement à travers ce qu’ils appellent ici «  le tunnel ». Notre guide coupe le moteur. On se regarde les yeux grands ouverts. Un silence total. Quelques gouttes de pluie qui tombent dans l’eau marron, quelques oiseaux se manifestant au sommet des arbres et rien d’autre. Un calme absolu. On pagaye et on observe. Tellement de couleurs, de lumière. Des singes au loin, mais bien cachés. On verra de nombreux oiseaux, leur vol apaisant et silencieux. Et notre coup de coeur de la journée : une rencontre avec un petit paresseux, bien accroché à son arbre, nous offrant un regard avant de s’enfuir dans les branchages.

L’après-midi, après la dégustation d’un hamburger de buffle – le lieu oblige – nous repartons à vélo à la découverte des lieux. Cette fois nous traversons un petit chenal pour aller découvrir une autre plage. Soi-disant la plus belle de l’île, nous restons sur notre idée que la plus belle nous l’avons déjà vue. Nous discutons -tant bien que mal – avec un petit papy venu s’asseoir face à l’océan aussi. Il est né ici il y a 78 ans et y vit toujours. Il doit connaître le lieu comme sa poche ! La nuit tombe, nous sommes de retour chez nous et après un chouette séjour, nous pensons à notre retour dans la vibrante Belem et à la suite de nos aventures. Bye bye l’île aux buffles.

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2 commentaires

  1. Val

    Les Ibis rouges… Ma-gni-fiques!
    Ça fait du bien de s’évader avec vous! Et quelle plume! Je suis bluffée par vos talents d’écrivains!
    Allez je me lance dans les défis: si vous êtes encore a Belem, votre challenge, si vous l’acceptez, sera de vous rendre à Ver-o-peso, le plus grand marché a l’air libre d’Amérique latine, pour y déguster un açai com pexe (selfie avec la vendeuse/le vendeur a l’appui ;)

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